Évangile selon saint Jean

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L'Évangile de saint Jean (kata Johanankata signifie selon) a probablement été écrit vers 80-110, soit après les trois autres évangiles ("synoptiques") qu'il complète. Clément d'Alexandrie (150-215 env.) l'appelle l'"Évangile spirituel". On a attribué à Jean le symbole de l'aigle (parmi les "quatre vivants") : c'est en effet le seul animal qui, dit-on, vole si haut et peut regarder le soleil en face.

Cet Évangile est spécifique car il insiste sur l'identité divine de Jésus en étant structuré pour montrer qui est Jésus et afin de construire la foi des lecteurs. Il comporte également beaucoup d'oppositions afin d'expliquer et de donner des enseignements théologiques.

L'Évangile selon saint Jean se distingue par son ton et son style, il a un caractère solennel, qui évoque la liturgie, la poésie – et pourtant, c'est l'Évangile qui a le vocabulaire le plus pauvre, c'est-à-dire le plus limité. Le langage est symbolique, figuratif. Le fait qu'un même terme (comme "élevé", à propos de la Croix) puisse avoir un double sens et être source d'incompréhension est plus qu'une affaire de style : c'est aussi le cœur du drame – "les ténèbres n'ont pas reçu la lumière".

Spécialement à partir d'Irénée de Lyon, qui identifie Jean l'Apôtre, Jean l'Ancien (le presbytre) et le Disciple bien-aimé l'ensemble de la littérature johannique (les 3 épîtres, l'Apocalypse, l'Évangile) sont attribués à Jean fils de Zébédée.

Datation et auteur

L'Évangile selon saint Jean a été mis en forme entre 80 et 110 :

La découverte d'un fragment de l'Évangile selon saint Jean (18,31.33.37-38) en Egypte, daté des années 110-130, a ramené les critiques à revenir aux données traditionnelles, en ruinant l'hypothèse de datations plus tardives.

Sur l'auteur, voir l'article : Disciple bien-aimé. Voir aussi : Pensée de Jean l'Évangéliste

Structure et contenu

Le Plan de l'Évangile selon saint Jean est complexe. On peut y voir une structure septénaire peut-être déjà annoncée, comme une prophétie, dans l'Apocalypse (voir l'article "Disciple bien-aimé"), avec des jours de fête et des semaines qui structurent la narration ; des affirmations "Je suis..." (... la lumière du monde, le Pain de Vie, etc.) ponctuent également le récit.

  • 1,1-18 : Prologue
  • 1,19 – 12,50 : Le "livre des Signes" (Révélation du Verbe aux siens, qui ne le reçoivent pas)
    • 1,19 – 2,11 : Début de la révélation de Jésus à ses disciples
    • 2,12 – 4 : Du premier au second miracle de Cana (Noces de Cana, eau changée en vin ; purification du Temple de Jérusalem ; Nicodème ; la Samaritaine ; guérison du fils d'un fonctionnaire)
    • 5 – 10 : Remplacement des jeûnes de l'Ancien Testament
      • 5 : Jésus renouvelle le commandement du repos du sabbat
      • 6 : Jésus remplace la manne de l'Exode par le Pain de Vie
      • 7 – 10,21 : la source d'Eau vive et la Lumière du monde remplacent les cérémonies (eau et lumière) de la fête des Tabernacles
      • 10,22-42 : Jésus est consacré à la place de l'autel du Temple de Jérusalem
    • 11 – 12 : Résurrection de Lazare et fin du ministère public de Jésus (condamnation à mort par le Sanhédrin ; onction à Béthanie ; entrée à Jérusalem)
  • 13 – 20 : Le "livre de la Gloire" (Manifestation de la Gloire du Verbe à ceux qui le reçoivent – par la Passion, la Résurrection, l'Ascension, l'envoi de l'Esprit Saint)
    • 13 – 17 : Dernière Cène et dernier discours de Jésus
      • 13 : Repas, lavement des pieds, trahison de Judas, début du discours (commandement de l'amour ; trahison de Pierre)
      • 14-17 : Dernier discours de Jésus
        • 14 : départ de Jésus, demeure divine, envoi du "Défenseur" (Paraclet)
        • 15-16 : vigne et sarments, haine du monde, témoignage du Paraclet
        • 17 : prière sacerdotale
    • 18 – 19 : Passion et mort (arrestation, interrogatoire devant le grand prêtre et reniement de Pierre, procès devant Pilate, crucifixion et mort, sépulture)
    • 20,1-29 : Résurrection (deux scènes au tombeau, deux au Cénacle)
  • 20,30-31 : Conclusion de l'Évangile
  • 21 : Épilogue (apparitions de Jésus ressuscité en Galilée ; seconde conclusion)

L'Évangile selon saint Jean, et les Synoptiques

A la différence des Synoptiques, dont la lecture est répartie dans les années liturgiques A (Évangile selon saint Matthieu), B (Marc) et C (Luc), l'Évangile selon saint Jean est lu durant toutes les années liturgiques, spécialement lors des fêtes. Il présente en effet des caractères distincts, qui en font un évangile à part.

On a de tout temps considéré que les évangiles selon saint Matthieu et selon saint Jean avaient, par rapport à Luc et à Marc, l'avantage d'être le récit d'un témoin oculaire direct – spécialement Jean, puisqu'il est le seul des Douze à avoir été là, au pied de la Croix. Au XXe s. s'est développée la théorie opposée, voulant que l'Évangile johannique (Jn) ait été, à la différence des Synoptiques qui héritaient de documents historiques (collection de "propos", logia, prononcés par le Christ), un évangile essentiellement "théologique" – autrement dit "théorique", voire "mythique". Jn ne serait pas (comme il l'affirme) un témoignage oculaire, mais au contraire son évangile serait le fruit une méditation. Actuellement, les exégètes reviennent à une position plus équilibrée, considérant que Jn a probablement été constitué par étapes (souvenirs historiques, réflexion à leur sujet, mise par écrit), tout comme les autres Évangiles.

Jean présente des différences par rapport aux Synoptiques : la prédication est située plus souvent à Jérusalem qu'en Galilée (alors que les Synoptiques présentent la structure d'une "montée à Jérusalem"). Le thème du Royaume de Dieu est quasiment absent (sauf Jn 3,3.5) ; certains épisodes ne se rencontrent que chez Jn. Cependant, on trouve aussi des parallèles dans la formulation avec Mc (notamment dans le récit de la Passion et de la Résurrection) et des parallèles thématiques avec Lc (personnages de Marthe, Marie, Lazare, Anne ; pêche miraculeuse ; absence de procès devant Caïphe) ; il y a des ressemblances, moindres, avec Mt également. Il apparaît clair que Jn dispose d'informations qui lui sont propres. Il parait douteux qu'il n'ait pas connu la tradition illustrée par les Synoptiques ; on pourrait même aller jusqu'à affirmer que par exemple la manière dont est dépeinte l'institution de l'Eucharistie (de manière voilée, comme pour envelopper un mystère : discours du Pain de Vie et récit du Lavement des pieds, au lieu du récit de la Cène) présuppose la connaissance sinon des Évangiles synoptiques, du moins de ce qu'ils rapportent.

Voir aussi : Sources de l'Évangile de saint Jean

Évangile sacramentel ou anti-sacramentel ?

Certains exégètes voient peu, ou pas de références aux sacrements (baptême, eucharistie) dans l'Evangile selon saint Jean, quelques-uns étant allé jusqu'à contester l'authenticité de passages où il était question du baptême, afin de "renforcer" leur interprétation.

D'autres exégètes au contraire considèrent que Jn est le plus "sacramentel" des Évangiles, par de très nombreuses références symboliques au pain, au vin, à l'eau.

Une interprétation intermédiaire serait que Jn "préfigurerait" les sacrements plutôt qu'il ne s'y réfère.

Une autre interprétation serait que le caractère allusif et symbolique de ces références serait délibéré : le mystère célébré dans la liturgie peut à peine être "raconté" dans un récit historique. En ce sens, le silence, ou le recours au symbole, serait la marque ultime du respect de l'Évangile selon saint Jean pour le mystère - donc, pour l'économie sacramentelle (l'équivalent grec de sacramentum est mysterion).

Sur la pensée de "Jean le théologien", voir l'article : Pensée de Jean l'Évangéliste

Extraits

Jn 1,1-5 : Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement en Dieu. Tout par lui a été fait, et sans lui n'a été fait rien de ce qui existe. En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes, et la lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont point reçue.

Jn 3,16 : En effet, Dieu a tellement aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point mais ait la vie éternelle.

Jn 6,35-40 : Jésus leur répondit : "Je suis le pain de vie : celui qui vient à moi n'aura jamais faim, et celui qui croit en moi n'aura jamais soif. Mais je vous l'ai dit, vous m'avez vu et vous ne croyez point. Tout ce le Père me donne viendra à moi, et celui qui vient à moi, je ne jetterai point dehors. Car je suis descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé. Or, la volonté de celui qui m'a envoyé, est que je ne perde aucun de ceux qu'il m'a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour. 40. Car c'est la volonté de mon Père qui m'a envoyé, que quiconque voit le Fils et croit en lui, ait la vie éternelle ; et moi je le ressusciterai au dernier jour. "

Jn 15,12-15 : "Ceci est mon commandement, que vous vous aimiez les uns les autres, comme je vous ai aimés. Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. 14. Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande. Je ne vous appelle plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; mais je vous ai appelés amis, parce que tout ce que j'ai entendu de mon Père, je vous l'ai fait connaître. "

Jn 19,25-27 : Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Clopas, et Marie-Madeleine. Jésus ayant vu sa mère, et auprès d'elle le disciple qu'il aimait, dit à sa mère : "Femme, voilà ton fils. " Ensuite il dit au disciple : "Voilà ta mère. " Et depuis cette heure-là, le disciple la prit chez lui.

Liens du IVe évangile avec l'Apocalypse

La péricope de "la femme adultère" (Jn 7,53 - 8,11)

Articles liés

Bibliographie

Source: http://fr.wikikto.eu/index.php/%C3%89vangile_selon_saint_Jean