Icône

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L'Apôtre Luc peint la première icône

L'iconographie (du grec: εικονογραφία) désigne l'art et l'usage liturgique des icônes. D'origine grecque, le mot "icône" (du grec grec: εικονα) signifie "image", "portrait", on utilise ce terme pour les représentations du Christ, de la Vierge, des Saints ou d'un événement de l'Histoire sacrée. Des techniques différentes peuvent être utilisées pour réaliser une icône : peinture sur chevalet, fresque, mosaïque, broderie, etc. Au sens large, une icône est donc une image sacrée, et celui qui pratique cet art reçoit le nom d'iconographe.

Les images ont toujours eu une place importante au sein de l'Église orthodoxe ; leur statut a été, en Orient, l'objet de la querelle iconoclaste du VIIIe et du IXe siècles. Le Dimanche de l'Orthodoxie, premier dimanche du Grand Carême commémore chaque année le rétablissement de la vénération des icônes. L’usage de l'iconographie dans le culte est considérée comme un des éléments distinctifs du rite byzantin.

Les icônes dans la tradition orthodoxe

La vénération des icônes est, dans l'Église orthodoxe, un aspect essentiel de l'expérience liturgique, c'est-à-dire de la contemplation du Royaume. La liturgie, en effet, en sanctifiant toutes les facultés de l'homme, amorce la transfiguration de ses sens, les rend capables d'entrevoir l'invisible à travers le visible, le Royaume à travers le Mystère.

L'icône, affirme Léonide Ouspensky, sanctifie la vue et ainsi transforme la vue en vision : car Dieu ne S'est pas seulement fait entendre, Il s'est fait voir, la gloire de la Trinité s'est révélée à travers la chair du Fils de l'Homme.

L'Orthodoxie affirme le caractère christologique de l'image. Elle montre d'abord que l'image par excellence est le Christ lui-même. La Parole irreprésentable de l'Ancien Testament s'est fait chair représentable : « lorsque l'Invisible », écrit saint Jean Damascène, « s'étant revêtu de la chair, apparut visible. » Le Christ n'est pas seulement le Verbe de Dieu, mais Son image. L'Incarnation du Verbe est l’acte fondateur de l'icône et l'icône témoigne de l'incarnation.

Théologie

Histoire

Rétablissement des icônes

Dès les premiers siècles de la chrétienté, des icônes ont été employées pour la prière. La tradition orthodoxe nous parle de l’existence d’une icône du Christ dès Son vivant, une image miraculeuse, non faite de la main de l’homme. De même, la Tradition nous parle des icônes de la Mère de Dieu réalisées par Saint Luc l’Évangéliste.

Les masques mortuaires égyptiens

D’une perspective historique, on considère que la pratique de la peinture des icônes aurait pour source les masques mortuaires égyptiens peints sur des momies enveloppées en des bandes de linge imbibées de colle et recouverts de gypse. Cette pratique funéraire serait la précurseure de la technique traditionnelle de la peinture des icônes sur bois, où les planches en bois sont recouverts de linge imbibé de colle et par la suite de gypse, base sur laquelle on réalise la peinture proprement-dite. L’icône chrétienne a également hérité de la fonction du masque rituel, en la transfigurant, en montrant l’esprit sanctifié de la personne reposée pour l’éternité. L’essence spirituelle de l’ancien culte des morts a été transfigurée dans une nouvelle image culturelle, plus accomplie que l’ancienne.

À la différence du masque, l’icône chrétienne ne fait pas partie de la momie ou du sarcophage – elle n’a pas besoin de la connexion physique au corps du saint représenté. Peu importe où se trouvent sur terre les restes mortels du saint, peu importe leur état physique – son corps ressuscité et sanctifié vit dans l’éternité, et l’icône qui le représente ne se contente pas de présenter le saint témoin du Christ – elle est ce même témoin. Ce n’est pas l’icône en tant qu’œuvre d’art qui nous parle, mais le saint lui même que l’icône nous montre. L’icône est ainsi une fenêtre vers le saint qui a reçu la vie éternelle, elle nous ouvre la possibilité de la communication directe avec celui qui y est représenté. Cette chance de communication est annulée alors que celui qui regarde l’icône sépare la peinture de la personne du saint qui y est représenté. En ce moment-là, l’icône devient une chose comme les autres, un objet de ce monde. La connexion vitale entre le ciel et la terre se désintegre.

"Écrites" ou "peintes" ?

La traduction la plus littérale du terme εικονογραφία (eikonographia) est "écriture d’images", ce qui a mené plusieurs chrétiens orthodoxes de langues autres que le grec à insister que les icônes ne sont pas « peintes », mais qu’elles sont « écrites ». Cette insistance à traduire le mot comme « écriture » en refusant le terme «peinture » pour les icônes pose un problème d’ordre linguistique. En grec, un portrait peint est également un 'γραφή' (graphi) et l’art-même de la peinture porte le nom de ζωγραφική (zographiki) et par conséquent tout dessin ou peinture peut être désigné comme ζωγραφιά} (zographia). Le grec ancien emploie la même racine linguistique pour désigner l’art du portrait et l’iconographie, mais distingue entre la «peinture inspirée de la vie », «peinture du vivant » -' ζωγραφιά' et la "peinture des icônes" 'εικονογραφία', qui est une peinture typologique. Ainsi du point de vue linguistique peut-on affirmer que toute forme de représentation – qu’il s’agisse des icônes ou des simples portraits – est tant de la peinture que de lécriture, en fonction de la traduction préférée du mot 'γραφή' (graphi). Une opposition entre les deux termes n’est donc pas justifiable du point de vue linguistique. Il suffirait donc de faire la distinction entre le type de peinture approprié pour iconographie et pour la peinture artistique tout simplement.

Il n’est pourtant pas incorrect de penser les icônes comme une forme d’écriture en images. Certains comparent le rôle des icônes avec celui du texte des Saintes Écritures par ce que les icônes ne sont pas de simples compositions artistiques, mais qu’elles témoignent de la vérité tout comme les Écritures. Loin d’être des créations provenues de l’imagination de l’iconographe, elles seraient plutôt comparables aux copies manuscrites de la Bible.

Et effectivement, pour des siècles – tant dans l’Église primaire, au temps des Persécutions, ailleurs dans le monde où les orthodoxes ont été soumis à des authorités politiques non-orthodoxes –, les icônes ont été «la Bible des illetrés » et ont joué un rôle essentiel dans la catéchèse : à travers des représentations souvent assez simples, les icônes transmettent et confirment le noyau de la foi de l’Église : l’Incarnation du Verbe, Dieu qui Se fait homme, Son œuvre de sanctification, de transfiguration de la nature humaine et de toute la Création. C’est d’ailleurs l’Incarnation qui autorise des représentations de Dieu à l’aide de matières périssables.

Voir aussi

Travaux publiés

  • en: Forest, Jim. Praying With Icons. (ISBN 1570751129)
  • en: Iconostasis, ISBN 0881411175 By Pavel Alexandrovich Florensky Published 2000, St Vladimir's Seminary Press

Liens externes

Deux icônes, l’une terminée, l’autre en train d’être peinte

Informations générales

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