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Iconoclasme

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La controverse théologique et le triomphe de l'Orthodoxie : lien
Dès l'instant même où fut posée la question des saintes icônes, le dogme de l'Incarnation se trouva placé au cœur des controverses théologiques qu'elles suscitèrent. Une double vérité est en effet au centre du mystère de l'incarnation de Dieu, qui implique de concilier à la fois la nature de Dieu, Être invisible <ref>''Évangile de Jean'', 5, 37, et ''Deutéronome'', 4, 12.</ref>, et qu'on ne peut circonscrire puisque infini et illimité par essence, mais aussi, d'autre part, la réalité du Fils unique de Dieu, « image du Dieu invisible » <ref>''Épître de Paul aux Colossiens'', 1, 15.</ref>, qui nous a bien révélé Dieu présent et devenu visible en une personne humaine, donc "circonscriptible". D'un côté, il paraît impossible de réaliser aucune image de Dieu ou de le circonscrire dans aucun contour, mais de l'autre, à travers l'icône du Christ, Dieu est réellement devenu visible pour les hommes. Le fond de l'argumentation iconoclaste ainsi que le fondement même de l'icône, étaient en effet de nature christologique <ref>[[Olivier Clément]], ''L’Église orthodoxe'', P.U.F., 2002, p. 98-99.</ref>. Les iconoclastes mettaient en cause la vision chrétienne de l'Incarnation, et donc les rapports de Dieu et du monde, les questions de la grâce et de la spécificité de la Nouvelle Alliance. <br />
;Argumentation en faveur des icônes<br />
Dès 730, [[Jean Damascène]] prenait la défense des icônes dans ses ''Traités contre ceux qui décrient les saintes images'' ; écrits il développa en particulier l'argument fondamental de l'Incarnation : « Puisque l'Invisible, s'étant revêtu de la chair, apparut visible, qu'on représente désormais la ressemblance de Celui qui s'est montré <ref> [https://books.google.fr/books?id=x8AUAAAAQAAJ&hl=fr&pg=PA17#v=onepage&q&f=false Migne, ''Patrologie grecque'', 94, 1239].</ref> ». Écrits dans un style simple, ces les traités de Jean Damascène mirent leur argumentation à la portée du petit peuple et jouèrent un rôle important au cours du second concile de Nicée (septembre-octobre 787). Dans sa quatrième session, ce concile rassembla tous les passages bibliques et patristiques qui justifiaient le culte des images et déclara :
« Les représentations de la croix, de même que les saintes images, qu'elles soient faites avec des couleurs ou de la pierre, doivent être placées sur les vases, les habits, les murs, les maisons et dans les chemins... Plus on regardera ces images, plus on se souviendra de celui qu'elles représentent, plus on sera porté à les vénérer en les baisant, en se prosternant, sans leur témoigner cependant l'adoration véritable qui ne convient qu'à Dieu seul, mais on leur offrira de l'encens et des lumières, comme on le fait pour la Sainte Croix et les saints Évangiles... Quiconque vénère une image, vénère la personne qu'elle représente. » L'image et la personne qu'elle représente ne sont donc pas de la même substance, contrairement à ce qu'affirmaient les iconodoules extrémistes, comme [[Théodore Studite]] <ref name="b"/>.<br />
Dans ses traités ''Antirrhetici'', le patriarche Nicéphore 1<sup>er</sup> de Constantinople (806-815) établit la valeur des images et de tout l'art religieux en affirmant que « la vue conduit mieux que l'ouïe à la croyance ». L'image ne s'adresse donc pas aux seuls illettrés, mais à tous ceux qui participent aux mystères. En 836, les trois patriarches orientaux d'Alexandrie, d'Antioche et de Jérusalem, adressèrent une lettre à l'empereur iconoclaste Théophile, affirmant qu'il est légitime de représenter [[Jésus Christ]] puisque le Verbe s'est fait chair. Ils firent état également des icônes ''acheiropoiètes'' (non faites de main d'homme) et miraculeuses.<br />
Sur ces bases, et sans qu'il soit besoin de réunir un [[Concile œcuménique|concile]], le 11 mars 843, la patriarche Méthode 1<sup>er</sup> de Constantinople dirigea une procession solennelle depuis l'église Sainte-Marie des Blachernes jusqu'à la basilique Sainte-Sophie, symbolisant le retour des icônes dans l'église impériale : ce fut le [[Dimanche de l'Orthodoxie|triomphe de l'orthodoxie]].
 
==L'iconoclasme vu de l'Occident==
Au plus fort de la persécution contre le culte des icônes, l'orthodoxie avait trouvé en la personne des pontifes romains des partisans déterminés et courageux des images. Mais, paradoxalement, il n'en fut pas de même après le [[deuxième concile de Nicée]]. Les actes de ce concile parvinrent en Occident dans une traduction grossière et inexacte : en particulier, « vénération des images » fut traduit par « adoration ». Ils provoquèrent alors une violente réaction et l'hostilité de l'empereur Charlemagne et des théologiens Francs. Malgré ses exhortations, le pape Adrien 1<sup>er</sup> qui refusait de s'engager, dut finalement céder devant l'obstination de Charlemagne. Le concile de Francfort en 794 voulut se poser en arbitre entre le concile iconoclaste de 754 et le [[7e Concile œcuménique|septième concile œcuménique]], aussi prescrit-il de ne pas détruire les icônes, mais aussi de ne pas les « adorer » : « Ni l'un ni l'autre concile ne mérite assurément le titre de Septième : attachés à la doctrine orthodoxe qui veut que les images ne servent qu'à l'ornementation des églises et à la mémoire des actions passées, [...] nous ne voulons pas plus prohiber les images avec l'un des conciles que les adorer avec l'autre, et nous rejetons les écrits de ce concile ridicule. » Le 1<sup>er</sup> novembre 825, le concile de Paris entérina les décisions du concile de Francfort. On peut dire que l'Occident a ignoré la [[théologie]] orthodoxe de l'[[icône]] fondée sur le mystère de l'Incarnation et sur le dogme christologique.
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