Eglise du Site Archéologique d'Echmoun

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Le site archéologique d’Echmoun (Sidon, Liban) inclut les vestiges d’une église romaine orthodoxe de la période byzantine.

Sous-Catégorie: Eglises du Liban


SITE

Situé à moins de 5 kilomètres du centre de la ville de Sidon (Saïda), capitale de la province (Mohafazat) du Sud-Liban, le temple païen d’Echmoun a été bâtie sur la rive sud du fleuve Bostrenus (appelé actuellement Al-Awali), à une petite distance de son embouchure sur la Méditerranée. Le site s’appelle, dans le jargon local, Bosten el Cheikh. Ce nom serait dérivé d’une déformation arabisée du nom Bostrenus.
Bostrenus, fleuve séparant le Mont Liban du Sud-Liban, et situé à proximité du site archéologique

Le site archéologique relève de l’autorité du ministère libanais du tourisme. Son état de conservation est, cependant, très précaire : il est fréquemment traversé par les tziganes ; la maintenance est insuffisante ; les herbes sauvages poussent entre les fines pierres des mosaïques ; et le site a été pillé durant la guerre civile libanaise. L’archéologue Rolf Stucky, rapporté par le Centre Catholique Libanais d’Information en 2009, signala que 600 sculptures et éléments d'architecture originaires de ce site furent pillés en 1981 et continuaient à circuler sur le marché européen. Il avait personnellement réussi à récupérer 8 pièces seulement.


TEMPLE PAIEN

Le temple païen a été découvert, durant l’époque ottomane, au début du XXème siècle. Il fut massivement exploré par les archéologues, à partir des années 20. Le site fut ensuite acquis par le gouvernement Libanais et les principales découvertes réalisées entre 1963 et 1975. Les fouilles s’arrêtèrent durant la guerre civile libanaise et ne reprirent plus ensuite.

Le site est considéré comme le principal monument phénicien (cananéen) conservé à nos jours au Liban. Il comprend un temple païen dont la construction date du VIIème siècle B.C. lorsque Sidon était sous l’influence babylonienne. D’autres constructions ont été ajoutées durant les siècles suivants, et sont représentées par des temples secondaires, des bassins d’eau et des lieux de prière et de soins médicaux.

L'ensemble du site païen aperçu du haut du podium où s'élevait le temple antique d'Echmoun


Durant les deux périodes hellénistique et romaine, de nouvelles voies furent percées et de nouvelles constructions érigées. Des colonnes en marbre bordèrent les nouvelles voies romaines.

La voie principale, de construction romaine, est bordée de colonnes en marbre

Les temples et les salles avoisinantes furent ornés de mosaïque par les Byzantins. Le site resta peuplé et servit de lieu de prière durant plusieurs siècles, mais les tremblements de terre du sixième siècle, et plus particulièrement le tremblement de 551 qui affecta gravement les villes de la Phénicie Maritime, détruisit le temple d’Echmoun. Les armées perses traversèrent au début du VIIème siècle la côte phénicienne, et se dirigèrent vers Jérusalem et les Terres Saintes. Cette invasion entraina une destruction importante des villes phéniciennes et des lieux de culte chrétien. Mais, à peine le pays repris par l’empereur romain Héracle que l’Orient Antiochien fut envahi par les occupants musulmans venus de l’Arabie en 634. Cette invasion provoqua une migration importante de la population romaine des villes phéniciennes en direction de la campagne et vers les provinces restées libres de l’empire romain d’orient.


Le site a été déserté durant treize siècles, et n’a été redécouvert qu’au début du XXème siècle par des archéologues ottomans. Durant cette longue période d’oubli, le site a lentement été pillé, et ses pierres taillées ont été transférées pour être utilisées dans des constructions de maisons, de ponts et de palais dans la ville de Sidon et la région du Chouf.


Ce site archéologique comprend essentiellement un temple bâti sur un podium central surélevé, situé au centre du complexe antique. Il domine un ensemble de temples, de bassins d’eau et une route bordée de colonnes de marbre, le tout longeant la rive sud de Bostrenos. Le temple inférieur d’Achtart serait probablement la construction la plus intéressante, car elle est bien conservée et contient un trône de style pharaonique flanqué de deux lions monolithiques. Tout près du temple d’Achtart, plusieurs bassins d’eau se succèdent. Ils servaient les rites païens qui utilisaient l’eau sacrée provenant d’une source voisine, appelée Ydlal. Les malades venaient se baigner dans ces bassins pour traiter leurs maladies, et recevoir la bénédiction des dieux Baal, Achtart et Echmoun.

Le trône de la déesse Achtart, entouré de deux lions en pierre
Plusieurs bassins d'eau recevaient l'eau sacrée provenant de Ydlal
















LE DIEU ECHMOUN

Echmoun était l’un des trois principaux dieux que vénéraient les habitants de Sidon. Les rois de cette ville phénicienne lui avaient bâti des temples et lui présentaient des offrandes. Il est probable pour les archéologues, qu’Echmoun, le dieu sidonien, se confonde avec le dieu ' Adonis de Byblos, le dieu Melkart de Tyr, le dieu Asklépios (Ασκλεπιος) de Grèce et le dieu Esculape de Rome. Les phéniciens croyaient qu’Echmoun était né d’une relation d’adultère entre le grand dieu Baal et une jeune fille phénicienne. Il était un jeune homme courageux et grâcieux (appelé Naaman en cananéen = phénicien) dont tomba amoureuse la déesse Achtart qui le poursuivait, mais en vain. Pour échapper aux avances de la déesse, Echmoun se mutila et se sacrifia. Achtart usa de toutes ses forces divines pour le ramener à la vie. Après sa résurrection, Echmoun, devenu divin à part entière, consacra sa vie aux soins des malades. Les phéniciens célébraient annuellement, au début du printemps, la passion, la mort et la résurrection d’Echmoun.

Le temple d’Echmoun, à proximité de Sidon, et sur la rive sud de Bostrenus, était un lieu de pèlerinage où se rencontraient les sidoniens pour se baigner dans l’eau sainte et se faire bénir par l’huile sacrée. Ils y déposaient des offrandes et des ex-voto, en remerciement pour les grâces divines qui assuraient la guérison des malades. Des statues d’enfants y ont été retrouvées, dans les fouilles du temple, ce qui a permis de prétendre qu’Echmoun était, par excellence, le dieu guérisseur des enfants.

Echmoun était souvent représenté comme un jeune homme tenant un bâton, autour duquel s’enroulaient deux serpents ailés. Ce symbole, repris par le dieu grec Asklépios, devint plus tard le caducée des médecins.

Le nom Ech’chmoun signifie, intégralement, en phénicien (comme en hébreu) le huitième. Il était considéré, à Sidon, comme le huitième des enfants du dieu Baal (les Naamanim = pluriel de Naaman). Les sept jours de la semaine étaient distribués sur les sept enfants du dieu Baal. Il ne restait à Ech’chmoun, le huitième fils, qu’un huitième jour servant à la guérison et au salut des malades. Cette mythologie cananéeene qui a précédé le christianisme de plusieurs siècles serait une prophétie païenne, inspirée par la nature, annonçant la venue du Christ, sa résurrection au « huitième » jour de la semaine et le salut divin des hommes.


EGLISE CHRETIENNE

Une église chrétienne a été bâtie, à l’entrée du site païen, au début du IVème siècle de notre ère, après la victoire de '''Constantin le Grand''' et la christianisation de l’empire romain. Le sol de l’église et des terrasses qui l’entouraient était couvert de mosaïques. Les fouilles ont mis à jour une mosaïque d’une beauté particulière représentant les quatre saisons. Cette pièce d’art a disparu durant la guerre civile libanaise qui a débuté en 1975.
L'église chrétienne a été bâtie à l’entrée du site païen



On ignore le nom du saint patron de cette église, mais la proximité des bassins d’eau et la probabilité que les mêmes traditions se perpétuent malgré les bouleversements politiques et les conversions religieuses font penser que l’église chrétienne et les monuments qui l’entouraient servirent le sacrement du baptême et perpétuèrent la tradition du pèlerinage médical.

Le lieu fut déserté après l’occupation de la Phénicie Maritime par les armées musulmanes et le déclin du rôle politique et économique de la ville de Sidon. L’église tomba en ruine, et ses pierres furent transportées et utilisées dans la construction de palais, maisons et ponts de la région du Chouf et de la ville de Sidon. Il y reste, cependant, quelques pierres monumentales portant le signe de la croix, et des mosaïques incluant des inscriptions en langue grecque.
Les vestiges de l'église romaine portent encore les signes de la croix
Une plaque de mosaïque portant des inscriptions grecques










AVENIR ET VISION

Le site archéologique a besoin d’un entretien régulier de conservation qui l’aidera à assurer son rôle éducatif en tant que foyer de mythologie phénicienne. Cette mythologie, présentant un symbolisme médical et religieux particulier, mérite d’être étudiée comme précurseur de la médecine moderne et du christianisme.

L’éparchie romaine orthodoxe (grecque orthodoxe) de Sidon devrait indiquer ce site comme monument chrétien orthodoxe, et œuvrer pour élucider l’histoire de cette église et le rôle qu’elle joua entre le IVème et le VIIème siècle. Une nouvelle église ou un sanctuaire religieux serait à bâtir à proximité de ce site touristique pour attirer et retenir l’attention des croyants orthodoxes en visite à ce lieu de grande importance historique dans la Phénicie Maritime.


REFERENCES

1)	Robert Du Mesnil du Buisson (comte): Nouvelles études sur les dieux et les mythes de Canaan. 1973 – 295 pages 

2) [1]

3) [2]

4) Edward Lipiński : Dieux et déesses de l'univers phénicien et punique. Peeters Publishers

5) Véronique Krings: La civilisation phénicienne et punique. BRILL éditeur


--Négib E. Geahchan 1 janvier 2012 à 03:38 (HST)