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Théodore Abu Qurrah

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Théodore Abu Qurrah = ثاوذورس أبي قرة (= Thaoudourous Abou Qourra) est un théologien chrétien de langue arabe, qui vécut durant la première période de l'islam. Il est connu, dans les publications anciennes, sous le nom d'Aboucara (on trouve aussi des graphies du type Abou Kurra).

Le contexte religieux

La situation religieuse de la Mésopotamie supérieure, au VIIIe siècle est la conséquence directe des controverses christologiques du Ve siècle d'une part, et d'autre part de l'invasion par l'islam, au VIIe siècle, d'une partie de l'Empire byzantin.

Théodore Abu Qurrah est originaire de cette Mésopotamie supérieure. La population y était variée : païens, juifs, musulmans, manichéens et chrétiens de toutes les communautés s'y côtoyaient.

En effet, les chrétiens étaient divisés en plusieurs groupes doctrinalement opposés : Nestoriens, Jacobites, et ceux que ces derniers appelaient "Melkites" (terme qui signifie "impériaux"), parce qu'ils recevaient les définitions du Concile, tenu à Chalcédoine à la demande de l'empereur Marcien.

On leur donnait en outre le nom de Chalcédoniens.

Théodore était "Chalcédonien" donc "Orthodoxe".

Éléments biographiques

La biographie d'Abu Qurrah comporte, depuis longtemps, une grande part d'incertitude, et pas seulement au niveau des dates.

Né aux environs de 750 Théodore Abu-Qurrah est originaire d'Edesse (actuellement, dans le sud de la Turquie).

On ne sait rien de la jeunesse de Théodore, mais on est en droit de croire qu'il a commencé ses études à Edesse sa patrie, ville célèbre par ses écoles.

Théodore fut-il moine à Saint Sabba, en Palestine ? Ceci est généralement admis, mais les rares éléments qui l'indiquent sont actuellement sérieusement contestés. En tous cas, ce que l'on sait des relations entre la Syrie chrétienne et la Palestine de l'époque ne rendent pas cela impossible.

Quoi qu'il en soit, on sait qu'il se rendit à Jérusalem et en divers lieux de Palestine (soit alors qu'il était moine, soit plus tard, durant son épiscopat, ou même après celui-ci).

Il se dit disciple de saint Jean Damascène, mais ce dernier étant mort en 749, il faut y voir une figure de style, indiquant un attachement – que son œuvre ne dément pas – à l'exemple et à la tradition de l'ancien moine de St Sabba.

Vers 795, il devint évêque Melkite de Harran. C'était, comme Edesse, une ville importante de Syrie.

Théodore était bien vu de tous, non seulement pour sa qualité d'évêque, mais encore pour ses vastes talents et sa connaissance du grec, de l'arabe et du syriaque. Cependant, pour une raison qui n'est pas éclaircie, en 812 il est déposé par Théodoret, évêque Melkite d'Antioche.

De 812 à sa mort, il continua d'écrire, de prêcher et de défendre la théologie de Chalcédoine.

Il se serait rendu à Alexandrie, puis en Arménie.

On a les traces de polémiques avec le diacre jacobite Nonnus de Nisibe, puis avec Abou-Raïta, métropolite jacobite de Tagrit.

Il mourut entre 820 et 825.

Son nom

Abu Qurrah porte en son nom la complexité de la période à laquelle il vécut :

Son prénom, Théodôros (Θεόδωρος), est d'origine grecque, : de Theós (θεός), "Dieu" ; et dōron (δώρον), signifiant "don". On peut alors comprendre la signification de ce prénom par "Don de Dieu".

Son "nom, "Abu-Qurra" (أبي قرة) est arabe : il est composé de deux mots : Abou, veut dire "père" et, dans le sens figuré, "cause" ; et Qourrat veut dire joie et bonheur. Ces noms sont employés comme adjectifs pour exprimer une qualité ; c'est pourquoi des évêques les portent, comme Aboul-Farage, Abou-Raïta, etc.

Abu-Qurrah signifie donc "Cause de joie".

De nombreux auteurs de XVIIe et XIXe siècle, ont fautivement interprété son nom comme signifiant "père de Carie" (donc, "évêque de Carie"), et l'ont ainsi confondu avec un autre Théodore, évêque de Carie, qui – contemporain de Photius – lui est nettement postérieur.

La ressemblance de l'orthographe ancienne de ces mots : Carie, Charres et Aboucara, selon l'orthographe grecque, ne doit pas faire confondre ces deux Théodore.

Œuvres

Il est considéré, pour le monde syriaque, comme le dernier écrivain chrétien de langue grecque, mais aussi comme un des premiers de langue arabe. Lorsqu'il est nommé dans le titre de ses traités, c'est généralement en tant que "Théodore, évêque de Harran", ou "Théodore Abu Qurrah" (ou des variantes de ces dénominations).

Pas un seul manuscrit connu ne propose "Théodore, moine de Mar Sabba" (ou une formule analogue), ce qui laisse à penser que s'il fut moine à Mar Sabba, ce fut cependant en tant qu'évêque de Harran qu'il publia ses écrits.

La Patrologie grecque de Migne (Tome XCVII, col. 1461-1609) présente sous le nom de Θεοδωρος Αβουκαρα quarante-trois traités avec traduction latine qui ont été l'objet de nombreux travaux.

De ses vingt-huit traités en arabes, les neuf premiers ont été publiées pour la première fois en 1904 par Constantin Bacha.

Quant à ses traités en syriaque (il affirme, dans un de ses écrits, " Nous avons déjà composé en syriaque trente traités pour défendre la doctrine du Concile de Chalcédoine et la Lettre de saint Léon") ils ne nous sont pas connus.

Ses écrits sont généralement doctrinaux et apologétiques.

Il excelle à employer la forme dialoguée , mettant "face à face" le chrétien et son interlocuteur.

Contre le Judaïsme, il défend l'excellence du Christianisme en s'appuyant sur l'Ancien Testament ; face à l'Islam, il en fait tout autant, ajoutant encore des références au Coran ou aux Hadith; contre les iconoclastes, il promeut la vénération des icônes, contre les Nestoriens et les Monophysites, il soutient la théologie de Chalcédoine…

Théologien doublé d'un philosophe (qui ne recule pas au besoin à défendre la foi par des arguments de raison), il a en outre traduit en arabe trois traités philosophiques, dont les "Premiers Analytiques" d'Aristote.

Textes en liens externes

Textes d'Abu Qurrah

Traduction française

En arabe et en grec

Autres langues

Etudes sur Abu Qurrah


Autres éléments bibliographiques

  • {la} I. Arendzen, Theodori Abu Kurra De cultu imaginum libellus e codice arabico (Bonn, 1897)
  • {ar} C. Bacha, Les oeuvres arabes de Théodore Aboucara (Beyrout, 1904)
  • {de} G. Graf, Des Theodor Abu Kurra Traktat uber den Schopfer un die wahre Religion (Munster, 1913)
  • {ar} L. Cheikho, 'Mimar li Tadurus Abi Qurrah fi Wugud al-Haliq wa d-Din al-Qawim', al-Machriq, 15 (1912), pp. 757-74, 825-842
  • {fr} I. Dick, 'Deux écrits inédits de Théodore Abuqurra', Le Muséon, 72 (1959), pp. 53-67
  • {en} S. H. Griffith, 'Some Unpublished Arabic Sayings Attributed to Theodore Abu Qurrah', Le Muséon, 92 (1979), pp. 29-35
  • {fr} Samir Khalil Samir: Le traité sur les icônes d'Abù Qurrah mentionné par Eutychius, in: OCP 58, 1992, 461-474
  • {en} Theodore Abu Qurrah translated by John C. Lamoreaux : the first English translation of nearly the complete corpus of Theodore Abu Qurrah's works, 2006 Table of contents