Paul Florensky

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Pavel (Paul) Alexandrovich Florensky (aussi appelé P.A. Florenskiĭ, Florenskii, Florenskij, en russe: Павел Александрович Флоренский, janvier 1882 - décembre 1937 selon certaines sources) était un théologien orthodoxe russe, philosophe, mathématicien, inventeur et ce que dans l'orthodoxie on appelle un néo-martyr[1]. Il fut parfois comparé par ses contemporains, du fait de l'étendue des domaines auxquels il s'intéressait et dans lesquels il excellait, à Leonardo da Vinci.[2] [3]

Le père Paul Florensky fut un des plus éminents représentants de la renaissance religieuse en Russie au début du XXe siècle. Le père Serge Boulgakov écrit de son ami le père Paul Florensky : « De tous mes contemporains qu’il m’a été donnés de rencontrer au cours de ma longue vie, c’est lui le plus grand… L’œuvre véritable du père Paul, ce ne sont pas ses livres, ni ses pensées et ses paroles, mais lui-même, et toute sa vie, qui est passée au retour de ce siècle au siècle à venir ».

Biographie

Pavel Alexandrovich Florensky est né le 21 janvier 1882 dans une famille d'ingénieur de chemin de fer dans la ville de Yevlakh localisée dans l'ouest de l'Azerbaijan, dans le Caucase. Son père vient d'une famille de prêtres orthodoxes tandis que sa mère Olga (Salomia) Saparova (Saparashvili) était de la noblesse arménienne de Géorgie[4] [5].

Mais la famille n’était pas pratiquante, les parents préférant transmettre à leurs sept enfants une conception scientifique du monde. Le jeune Paul passa au bord de la mer Noire une enfance heureuse dont il a fait le récit dans ses Souvenirs d’une enfance au Caucase (trad. française, 2007), souvenirs et conseils adressés à ses enfants. La nature était pour lui un lieu privilégié d’expérience et de connaissance, autant par ce qu’elle révèle que par ses mystères.

Après avoir terminé ses études au lycée de Tiflis (Tbilisi), il entra au Département de Mathématiques de l'Université d'État de Moscou, tout en étudiant parallèlement la philosophie.

Une fois achevées ses études à l'Université d'État de Moscou en 1904, Florensky refusa un poste d'enseignant à l'université et choisit de continuer à étudier la théologie à l'Académie ecclésiastique de Sergiyev Posad. En collaboration avec ses camarades d'études Ern, Svenitsky et Brikhnichev, il fonda une association : l'Union de Lutte Chrétienne (Союз Христиaнской Борьбы), avec la visée révolutionnaire de reconstruire la société russe selon les principes de Vladimir Solovyov. Il fut arrêté par la suite en 1906 pour son adhésion à cette société. Il perdit, cependant, par la suite tout intérêt pour le Mouvement de Christianisme Radical.

Les philosophes Pavel Florensky et Sergej Bulgakov, une peinture de Mikhail Nesterov (1917)

Ses intérêts se portaient, pendant ses études à l'Académie ecclésiastique, sur la philosophie, la religion, l'art, le folklore et l'ésotérisme lié au courant sophilogique. Il devint un membre important du symbolisme russe. C'est aussi à cette période que commença son amitié avec Andrei Bely, et qu'il publia des travaux dans les magazines "la Nouvelle Voie" (Новый Путь) et "Libra" (Весы). Il débuta aussi son travail philosophique le plus important La Colonne et le Fondement de la Vérité : un Essai sur la Théodicée Orthodoxe en douze lettres. Le livre fut publié dans son intégralité seulement en 1924 mais la plus grande partie en était achevée à la fin de ses études à l'Académie en 1908. Au cours de cette année 1908, il écrivit, sous le titre Le sel de la terre, un petit livre sur le starets Isidore qui résidait au skit de Gethsémani, non loin de Sergiyev Posad, et pour lequel il avait une grande vénération.

En 1911, il fut ordonné prêtre. En 1914 il rédigea A propos de la Vérité Spirituelle. Il publia des travaux en philosophie, théologie, théorie de l'art, mathématiques, électrodynamique. Entre 1911 et 1917, il fut l'éditeur en chef de la publication de théologie orthodoxe la plus autorisées à l'époque Bogoslovskiy Vestnik (le Messager théologique). Il était aussi le guide spirituel d'un écrivain russe controversé Vasily Rozanov.

Après la révolution d'octobre, il formula sa position comme suit : "J'adhère à une vision philosophique et scientifique du monde que j'ai développée, qui contredit l'interprétation vulgaire du communisme... mais cela ne m'empêche pas de travailler honnêtement au service de l'État". Après la fermeture, par les Bolchéviques, de la Laure de la Trinité-Saint-Serge (1918) et de l'église de Sergiyev Posad (1921), où il était prêtre, il partit à Moscou pour travailler sur le Plan d'Etat pour l'Electrification de la Russie (ГОЭЛРО) sur les recommandations de Léon Trotsky qui croyait fortement dans la capacité de Florensky à aider le gouvernement à électrifier les zones rurales de Russie. Selon le témoignage de contemporains, la vision de Florensky en soutane de prêtre, travaillant aux côtés des autres leaders du département Gouvernemental, était remarquable.

En 1924, il publia une monographie sur la diélectrique, ainsi que son livre La Colonne et le Fondement de la Vérité. Il travaillait aussi en parallèle comme secrétaire scientifique de la Commission Historique de la Laure de la Trinité-Saint-Serge et publia ses travaux sur l'ancien art russe. Il était aussi d'après ce qu'on dit le principal organisateur du complot visant à sauver les reliques de St. Sergii Radonezhsky que le gouvernement avait ordonné de détruire.

Dans la seconde moitié des années 1920, il travaille principalement sur la physique et l'électrodynamique, publiant son principal travail de "science dure" : Les nombres imaginaires en géométrie consacré à l'interprétation géométrique de la Théorie de la relativité d'Albert Einstein. Il déclara, entre autres choses, que la géométrie des nombres imaginaires prévue par la théorie de la relativité pour un corps se déplaçant à une vitesse supérieure à celle de la lumière est la géométrie du Royaume de Dieu.

En 1928, Florensky fut exilé à Nizhny-Novgorod. Après l'intercession de Ekaterina Peshkova (épouse de Maxime Gorky), Florensky fut autorisé à revenir à Moscou. En 1933 il fut de nouveau arrêté et condamné à dix ans dans les goulags par l'article cinquante-huit du code pénal stalinien (clauses dix et onze - "agitation contre le système soviétique" et "publication de matériels d'agitation contre le système soviétique"). Les matériels d'agitation publiés en question étaient la monographie sur la théorie de la relativité.

De 1933 à 1934, Florensky fut relégué à Skovordino, en Sibérie, où il fut chargé d'étudier le permagel. De 1934 à 1937, il fut interné au goulag des Solovki, où il fut chargé de faire fonctionner un petite unité de production d'iode et d'autre dérivés d'algues. De ces deux lieux, il entretint une correspondance régulière avec son épouse et ses enfants, avec le but principal d'assurer l'éducation de ceux-ci. Les 103 Lettres de Solovki ont été traduites en français et publiées en 2012.

Les renseignements officiels soviétique affirmèrent que Florensky mourut le 8 décembre 1943 quelque part en Sibérie, mais une étude des archives du NKVD après la chute de l'URSS a montré que l'information était fausse. Florensky a été exécuté le 8 décembre 1937 probablement au polygone de Toksovo dans la région de Leningrad.[6]

Références et Notes

Sources

Voir aussi