Monastère

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Monastère de saint Georges le Chozébite, Wadi Qelt, sur la route de Jérusalem à Jéricho.
Monastère Sainte Catherine, Sinaï, Égypte.
Le monastère (en grec: μοναστήριον / monastirion, dérivé de monos, seul) est le lieu et l'ensemble des bâtiments où vivent et habitent les moines ou les moniales, dans une forme de vie monastique. En français, on parle également d'abbaye ou de prieuré, abbaye pour un monastère et prieuré pour un skite, ce dernier dépendant d'un monastère.

Les origines de la vie monastique

Durant les trois premiers siècles, alors que le monachisme comme institution n'existait pas encore, des ascètes, hommes et femmes, joignaient à la pratique du célibat une austérité de vie et une assiduité à la prière plus grandes que celles des autres membres de la communauté chrétienne. Cette séparation du monde, allant jusqu'à la retraite au désert, a beaucoup contribué à faire croître, entre la fin du IIIe siècle et le milieu du IVe, le nombre de ces ascètes vivant en état de continence. C'est ce retrait au désert, déjà vécu par les prophètes, par l'errance des Juifs et par Jésus-Christ durant son jeûne de quarante jours, qui a été pris pour modèle à imiter afin de proclamer que le Royaume de Dieu, Royaume futur, est éloigné de ce monde en proie aux tentations de Satan[1]. Des ascètes se retirèrent au désert, dans des sites isolés ou des ermitages ; des anachorètes habitèrent des cabanes ou des cellules (en grec: κέλλιον) ; d'autres, comme Hilarion de Gaza, Ammonios de Nitrie et Macaire l’Égyptien, pensèrent que les ermites avaient besoin d'une direction spirituelle et d'orientations en vue du service du prochain. En s'établissant dans des demeures pas trop éloignées les unes des autres, ces solitaires furent à l'origine des laures. Avec saint Pachôme († 346) apparaît le système cénobitique, puis sous saint Basile de Césarée († 378), le cœnobion devient une sorte de fraternité de trente à quarante individus, sous la direction d'un supérieur appelé proestos (en grec: προεστώς) ; Basile de Césarée ne concevait pas la vie monastique comme une vie de solitude absolue, le cœnobion de Césarée avait donc une ouverture sur le monde avec un important centre d’œuvres sociales disposant d'un hôpital et d'un hospice pour les pauvres et les pèlerins. Cette action philanthropique et sociale vaudra plus tard à ces Pères du désert l'appellation de « Pères des orphelins ». Au temps de saint Jérôme de Stridon et de saint Jean Cassien, cette vie monastique a désormais des règles fixes. Aux Ve et VIe siècles, la vie monastique, sous l'impulsion du monachisme urbain, acquit sa structure institutionnelle et liturgique, mais sans rien perdre de l'inspiration des Pères du désert. De nombreuses communautés monastiques se formèrent en Égypte, en Palestine, en Syrie, et en Asie Mineure.
Les moines orthodoxes ne sont pas des lettrés, contrairement à la tradition du monachisme occidental, et l'étude des lettres de l'antiquité grecque, qui fut si vivante à Byzance, a été exclue des monastères. C'est par leur vie liturgique et évangélique plénière que les moines orthodoxes ont élaboré une profonde spiritualité monastique dans laquelle la philocalie, c'est-à-dire « l'amour d'une beauté qui n'est pas de ce monde mais doit l'illuminer », a joué un grand rôle[2].

Histoire : anachorétisme et cénobitisme

Dans un monastère, il peut y avoir deux grands types de vie monastique : l'anachorétisme (ou semi-anachorétisme) ou le cénobitisme.

L'anachorétisme[3] ou l'érémitisme[4], historiquement plus ancien que le cénobitisme, est une forme de vie monastique solitaire.

Sans disparaître au fil du temps, l'anachorétisme a évolué dans une forme de vie qu'on appelle "semi-anachorétisme", où plusieurs solitaires vivent dans des ermitages individuels, ou des petites maisons. Dans ce mode de vie, les ascètes prient dans leurs cellules les jours ordinaires et se rassemblent au katholikon pour l'office de dimanche et les fêtes. Quand ce rassemblement de moines est de petites dimensions, il s'agit d'un skite (qui dépend en général d'un monastère). Quand ce rassemblement de moines est de grandes dimensions, il s'agit d'une laure.

Avec le renouveau monastique des IX-Xe siècles, d'abord au Monastère de Stoudion (Constantinople), sous saint Théodore le Studite (fêté le 11 novembre - dormition - et le 26 janvier - translation de ses reliques), puis au Mont Athos (avec saint Athanase l’Athonite, fêté le 5 juillet), le semi-anachorétisme a été découragé dans les monastères orthodoxes, pour favoriser le cénobitisme.

Le cénobitisme est un mode de vie monastique qui met l'accent sur la vie communautaire. Le mot latin cœnobium provient du grec: κοινόβιον / koinobion qui signifie "vie en commun". Le cénobitisme s'est répandu à partir d'un mode de vie créé par Pachôme le Grand et s'est développé par son disciple, Théodore le Sanctifié. Mais à peu près à la même époque, l'abbé Isaïe vivait déjà avec douze disciples, constituant un petit monastère, et saint Antoine le Grand, en Égypte, bien qu'ayant vécu toute sa vie en anachorète, descendait de temps en temps voir ses disciples qui vivaient dans un monastère près de la Mer Rouge.

Monastères athonites en France

En 1978, la communauté du Monastère de Simonos Petra au mont Athos comptait en son sein trois moines d'origine française, les pères Placide, Séraphin et Élie. L'higoumène du monastère décida que ces trois moines retourneraient en France pour créer des métochia, c'est-à-dire des dépendances du monastère Simonos Petra. C'est ainsi que naquirent le Monastère de Saint Antoine le Grand (Saint-Laurent-en-Royans, France), dans la Drôme, fondé par le père Placide assisté du père Séraphin, puis le monastère de Solan près d'Uzès, dans le Gard, le Monastère de la Transfiguration (Terrasson, France), en Dordogne, fondé par le père Élie, enfin l'ermitage dédié à Sainte Marie du Désert situé dans le fort de la Repentance sur l'île de Porquerolles dans le Var, où s'est établi le père Séraphin. Cet ermitage est une dépendance du monastère de Saint Antoine le Grand.

Articles connexes

Références

  1. Mgr. Stéphanos, Ministères et charismes dans l’Église orthodoxe, Desclée de Brouwer, 1988, p. 135 à 139.
  2. Olivier Clément, L’Église orthodoxe, PUF. Que sais-je ? 2002, p. 106-109.
  3. Du grec: ἀναχώρησις / anahorisis, "action de se retirer", "lieu de retraite" cf. A. Bailly, Dictionnaire grec-français, Hachette, Paris, 1950.
  4. "Ermite" vient du grec: ἐρημίτης dérivé du grec érimos, désert, lieu désert (Cf. A. Bailly, Dictionnaire grec-français, Hachette, Paris, 1950).

Liens externes