Skite
Un skite est une petite communauté de moines ou moniales vivant en retrait (solitude - hésychia) sous l'autorité mais aussi avec l'aide matériel d'un monastère principal. Souvent, en se développant, le skite devient lui aussi un monastère, indépendant du monastère principal, qui lui a assuré la fondation, la transmission spirituelle et le soutient matériel.
Types de skites
Il y a deux grades types de skites: anachorétique et cénobitique.
Un skite de type anachorétique est constitué généralement d'un lieu commun de prière (appelé "katholikon", du grec καθολικόν), avec des ermitages individuels, ou des petites maisons, pour un petit nombre de moines ou de moniales, et qui peuvent comporter ou non une petite chapelle propre. Dans ce mode de vie les ascètes prient dans leurs cellules les jours "ordinaires" et se rassemblent au katholikon pour l'office de dimanche et fêtes.
Dans un skite de type cénobitique les moines ou les moniales mènent une vie communautaire plus accentuée, et plus proche du mode de vie du monastère principal. Le plus souvent, les cellules d'un tel skite ne sont pas "éparpillées", mais se constituent dans un unique bâtiment.
Les nuances juridiques, de Droit canon, concernant les skites varient d'une époque à l'autre, et d'une tradition ecclésiastique à l'autre, d'une Église locale à une autre.
Exemples
Nitrie et Kellia
Deux des plus importants centres monastique anciens ont été Nitrie et Kellia (ou Les Cellules), fondées au IVème siècle.
Nitrie a été fondé vers 325 par Amoun, contemporain avec Antoine le Grand. Peu après, vers 338, Amoun se voit obligé de fonder Kellia – à 18-19 km sud de Nitrie –, comme un skite en dépendance de Nitrie, un lieu plus tranquille et plus solitaire que le centre monastique Nitrie, où la population monastique était dans un continuel accroissement [1].
« Rufin, dans son Histoire Ecclésiastique (ch.II.3), l’évalue vers 373 à trois mille hommes au moins. Pallade parle de cinq mille (Histoire lausiaque, 7.2) lorsqu’il s’y rendit vingt ans plus tard. L’Historia Monachorum raconte que les moines ont occupé quelques cinquante "demeures" (monai) de toutes dimensions, de sorte que si certaines d’entre elles comptaient seulement deux ou trois moines, d’autres ont dû en abriter plusieurs centaines. De fait, nous lisons dans le Dialogue sur la vie de saint Jean Chrysostome par Pallade qu’un certain "monastère" contenait deux cent dix moines et un autre cent cinquante. » [2]
Mais à Kellia aussi, de plus en plus de moines affluent, fuyant l’agglomération excessive de Nitrie, de façon que, en peu de temps, le site occupera un grande surface. Toujours d’après Pallade, qui arrive à Kellia vers 390, ici vivaient à peu près 600 moines. Les fouilles archéologiques contemporaines, commencées en 1964, ont sorti à la lumière une vraie ville monastique : plus de 30 km2 de ruines monastiques ! [3]
Notes
- ↑ Un récit de fondation du skite des Cellules se trouve dans les Apophthegmata Patrum (les sentences des Pères du désert), collection alphabétique, Antoine 34.
- ↑ Derwas J. Chitty, Et le désert devint une cité... Une introduction à l’étude du monachisme égyptien et palestinien dans l’Empire chrétien, Abbaye de Bellefontaine, 1979, SO 31, pp.75-76.
- ↑ Antoine Guillaumont, Aux origines du monachisme chrétien. Pour une phénoménologie du monachisme, Abbaye de Bellefontaine, 1979, SO 30, ch. 10: "Histoire des moines aux Kellia", pp. 151-167.