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Chant byzantin

Révision datée du 9 septembre 2017 à 05:13 par Olivier (discussion | contributions) (Hymnographie)

Le chant byzantin est le chant liturgique traditionnel de l'Église orthodoxe, historiquement développé en langue grecque, puis en arabe (ou syriaque). Au cours des derniers siècles le répertoire en usage a été adapté aux diverses langues des peuples orthodoxes, conduisant ainsi au développement de traditions parallèles.

Histoire

Hymnographie

L’origine du chant byzantin remonte aux premiers siècles de l’ère chrétienne, dans la partie orientale de l’Empire Romain ; mais c’est surtout à partir de l’Édit de Milan (313 ap. J.-C.) quand l’Église est sortie des catacombes, que le chant liturgique commença à se développer. Au cours des trois premiers siècles, c'est la psalmodie accompagnée par une sorte de refrain chanté par l'assemblée et appelé en grec: ὑπακοή (hypakoi) qui occupe la plus grande place dans la prière publique de l’Église. Le nombre des fidèles augmentant, le chant devait alors tenir une place plus importante dans les célébrations et s’est enrichi au fil des siècles de nouvelles hymnes et de nouvelles mélodies plus ornées, conduisant au développement d’une hymnographie et d’une tradition de chant sacré du plus haut niveau, transmise de génération en génération jusqu’à nos jours.
À partir du IVe siècle, l'acclamation originelle se développe en une phrase puis en une strophe dite Tropaire (en grec: τροπάριον). Il prend le pas sur le verset et s'exécute sur une mélodie plus ornée selon le mode du chant de deux chœurs se répondant en alternance, ou chant antiphoné (en grec: ἀντίφωνος). Il n'y a eu, primitivement, qu'un seul tropaire propre à chaque fête appelé tropaire apolytikion (en grec: ἀπολυτίκιον). L'hymnographie fit un progrès considérable le jour où le tropaire devint un modèle, un hirmos, (en grec: εἵρμος) pour de nouveaux tropaires composés sur le même rythme et chantés sur la même mélodie.

Les premiers hymnographes furent parmi les saints hiérarques de l’Église, théologiens et poètes mystiques. Ils écrivaient en grec — langue de culture de l’époque — et en arabe ou syriaque. Le chant byzantin est un patrimoine de portée universelle encore peu connu en dehors de sa sphère d’influence directe.

Musicologie

Le système tonal du chant byzantin s’est développé surtout entre les IVe et VIIIe siècles, en utilisant la théorie musicale de la Grèce antique - théorie qui avait atteint un niveau inégalé dans l’histoire. C’est à Saint Jean Damascène qu’est attribué (mais à tort) le rôle de l’organisation des huit tons[1] ; c’est lui qui a mis de l’ordre dans le foisonnement de divers types de chants liturgiques en les expurgeant de leurs éléments trop mondains et incompatibles avec le service religieux. Le livre d'office qu'on appelle l'Octoèque figure en effet déjà sur un papyrus du VIIe siècle, soit plus d'un siècle avant la maturité de saint Jean Damascène.

Par la suite la création musicale s’est trouvée soumise à des « canons » (règles) stricts. Les compositeurs puisaient dans un réservoir de formules musicales préexistantes, et les enrichissaient à leur tour. C’était donc une création collective qui a suivi une évolution très lente, par étapes successives. Cette pratique de création est restée vivante jusqu’à nos jours, en Grèce et aussi à Constantinople et en Asie Mineure.

Plusieurs types de notations musicales se sont succédé aux cours des siècles jusqu’à la notation neumatique en usage aujourd’hui. Toutefois, l’écriture musicale n’a qu’une fonction d’aide-mémoire ; le rôle de la transmission orale reste fondamental.

Caractéristiques du chant byzantin

Il est interprété sans accompagnement d’instrument (chant « a capella ») ; c'est un chant monodique (à une seule voix) ; une grande liberté est laissée à l’interprète pour improviser et orner les mélodies. Il peut être accompagné toutefois par le chant d’une note tenue ou bourdon (appelé « isson ») qui correspond d’une certaine façon au fond d’or des icônes - symbole d’éternité. Il utilise des gammes héritées de la théorie musicale de la Grèce antique, reposant sur d’autres intervalles que ceux de la gamme tempérée en usage dans la musique occidentale actuelle. Il a été transmis oralement et sans interruption depuis ses origines.

Il recourt aux partitions en notation neumatique, constituées de signes globalisant la hauteur musicale relative (montée ou descente), l’énergie de l’émission et l’ornementation vocales ; c’est le texte qui génère directement l’énergie et le rythme du chant, mais la pulsation de base reste invariable et extrêmement rigoureuse ; l’émission vocale est franche et remplie de vigueur ; il utilise un réservoir de formules - petites phrases ou cellules musicales - selon les divers types de chant, assemblées comme par une technique de mosaïque, pour former des mélodies selon les huit modes (appelés aussi tons) ; La conception du chant choral est particulière : c’est le chantre principal, le protopsalte, qui conduit le chœur par sa voix plutôt que par ses gestes et les choristes doivent le suivre en se fondant dans son chant.

Références

  1. Louis Bréhier, La Civilisation byzantine, Albin Michel, 1970, p. 328 à 330.

Bibliographie

  • (fr) Théodore Gérold, La musique au Moyen Age ; Musique liturgique byzantine, Librairie Honoré Champion, 1991.
  • Höeg Carsten, Du Nouveau sur la musique byzantine, L'Octoechos, dans la série des Monumenta Musicae byzantinae, 1935.

Lien externe