Serge de Radonège
Serge de Radonège (Сергий Радонежский), né aux environs de 1313 et mort le 25 septembre 1392. Il est l'un des saints les plus populaires de la Russie, avec Séraphin de Sarov.
Il fut un grand spirituel et réformateur monastique de la Russie médiévale.
Sommaire
Éléments biographiques
Enfance
On ignore la date précise de sa naissance, à Rostov. Ses parents le prénommèrent Barthélemy, du nom de l'apôtre. Contrairement à ses frères, il était peu doué à l'école. Rencontrant un jour un vieux moine, il lui demanda de prier pour qu'il arrive à étudier normalement. Le moine pria pour lui, puis l'assura qu'à compter de ce jour, il saurait étudier. Le soir même, il lut l'office des heures, il avait moins de dix ans. Il fréquenta assidûment les offices de l'Église, et se mit à lire la Bible. À partir de l'âge de douze ans, il commença à suivre rigoureusement les jeûnes du mercredi et du vendredi[1]. A une date indéterminée, sa famille quitta Rostov pour s'installer à Radonège, au nord de Moscou.
Ermite
Alors que ses frères s'étaient mariés, Barthélemy resta célibataire, exprimant son désir de devenir moine. Après le décès de ses parents, son frère aîné -veuf- devint moine au monastère de Khotov. Ensemble, ils s'installèrent dans la forêt, à plusieurs kilomètres de Radonège. Là, ils bâtirent une cabane, avec une chapelle qu'ils dédièrent à la Sainte Trinité, ce qui était une innovation[2]. C'est là qu'il devint moine, à 24 ans, sous le nom de "Serge". Son frère le laissa peu après, pour rejoindre le monastère de la Théophanie, à Moscou.
Serge demeura ermite dans cette solitude durant trois ans, avec pour seuls livres le psautier et les Évangiles, et pour seul voisinage les animaux sauvages de cette forêt, au nombre desquels les loups et ours n'étaient pas rares.
Un de ces ours devint d'ailleurs un habitué de l'ermitage, Serge lui donnant un peu de son pain de temps à autre.
Le monastère
Au bout de ces trois ans, d'autres personnes se mirent à le rejoindre. Les offices des heures étaient quotidiennement célébrés dans la chapelle, mais comme aucun des frères n'était prêtre, ils devaient en faire venir un pour la célébration de la Divine Liturgie.
En 1354, Serge fut ordonné prêtre et officiellement déclaré higoumène de la petite communauté.
Quoique leur niveau de vie frôlât souvent la misère, Serge ne permettait pas que les moines fassent de collectes pour leurs besoins, les frères devant en tout se confier à Dieu.
À la demande expresse du Patriarche Philotée de Constantinople[3], il organisa la petite communauté (qui jusqu'à ce jour était constitué de cellules indépendantes) en un véritable monastère, avec une règle adaptée de celles des Studites. La communauté, d'une douzaine de membres, augmenta rapidement. Suite à un début de révolte contre son autorité - qui était cependant modérée - , Serge laissa le monastère et s'installa à Kirjatch, malgré les tentatives du métropolite Alexis[4] de le ramener au monastère de la Trinité.
Serge et la Russie
Alors que la Russie était envahie par les Tatars, Serge participa à des missions "politiques" pour favoriser un relèvement de la nation russe.
Il avait aussi fait de son monastère un centre intellectuel, doté d'une bonne bibliothèque.
En 1380, le prince Dimitri Donskoï interrogea Serge, pour lui demander s'il devait entrer en résistance contre l'envahisseur. Le moine l'engagea à défendre son peuple[5] et le bénit. Au moment de la bataille de Koulikovo, qui fut le commencement de la délivrance de la Russie, Serge priait.
Derniers mois et décès
Quelques mois avant la fin de sa vie, Serge se désengagea de l'higouménat et de la "vie publique" pour se consacrer à nouveau à la prière dans la solitude.
Il mourut le 25 septembre 1392.
Postérité
Il est fêté dans l'Église orthodoxe les 25 septembre et 5 juillet.
Le monastère de la Trinité prit par la suite le nom de Laure de la Trinité-Saint-Serge et demeura un foyer de spiritualité, même durant la période soviétique.
L'Institut de théologie orthodoxe de Paris est placé sous le patronage de saint Serge.
Hymnographie
- Champion des vertus, comme un vrai soldat du Christ notre Dieu, contre les passions tu menas en cette vie le grand combat. Dans les jeûnes, les veilles, les cantiques divins, tu fus pour tes disciples un modèle, Bienheureux. Aussi fit sa demeure en toi l’Esprit Saint, et tu fus orné brillamment par son action. Grâce au crédit que tu possèdes auprès de la Sainte Trinité, rappelle-lui le troupeau que tu as rassemblé, et n’oublie pas de visiter, comme toi-même tu l’as promis, vénérable Père, tes enfants !
Kondakion (ton 8)
- Vénérable Serge, percé de flèches par l’amour du Christ et l’ayant suivi, dans ton irréversible désir, tu méprisas toute charnelle volupté, et comme un soleil tu brillas sur ta patrie. Aussi le Christ t’enrichit du don des miracles, Père saint. Souviens-toi de nous qui célébrons ta mémoire sacrée, afin que nous puissions te crier : vénérable Serge, réjouis-toi !
Notes
- ↑ Dans l'Église orthodoxe, les mercredi et vendredi sont jours de jeûne, le premier parce que c'est ce jour-là que le Christ a été trahi, le second parce que c'est le jour où Il fut mis à mort
- ↑ Les églises étant, à cette époque, habituellement placées sous le patronage d'un saint ou d'une fête.
- ↑ L'Église russe ne devint autonome qu'à partir de 1548
- ↑ Saint Alexis de Moscou, fêté les 12 février et 20 mai
- ↑ On peut rapprocher ceci des chrétiens nombreux qui prirent part à la Résistance, lors de la Seconde Guerre mondiale.
Sources
- Le Synaxaire. Vies des Saints de l'Église orthodoxe, Éditions "To Perivoli tis Panaghias", Simonos Petras, Mont Athos
- Prière et sainteté dans l'Église russe, Elisabeth Behr-Sigel, Spiritualité Orientale n° 33, Bellefontaine 1982
- Encyclopédie Universalis
- fr.wikipedia.org