Épiphane de Salamine
Sommaire
Vie
Épiphane est né autour de l'an 315 [1] dans une famille modeste de juifs du village à Besanduc, près d'Éleuthéropolis (Beit-Djibrin), en Palestine. Après la mort de son père, l'enfant orphelin fut adopté par un riche docteur de la Loi mosaïque, Tryphon. Celui-ci lui donna la possibilité d'étudier, de sorte que saint Épiphane apprit non seulement les Saintes Écritures et les préceptes de la loi de Moïse, mais aussi cinq langues — grec, latin, hébreu, syriaque, copte —, chose assez rare à l'époque.
La conversion
À la mort de son père adoptif, Épiphane hérita de toute sa fortune. Peu de temps après, il rencontra un jour un moine chrétien, Lucien, qui parlait avec un pauvre. Comme il n'avait pas d'argent, le moine donna au pauvre sa tunique. Ému par le geste du moine, Épiphane embrassa le christianisme, en recevant le baptême de l'évêque du lieu, avec sa demi-sœur. Puis, il renonça à tous ses biens pour devenir moine auprès de saint Hilarion le Grand [2].
Le monastère d'Épiphane à Éleuthéropolis
Assoiffé de vie monastique, Épiphane a effectué un long voyage en Égypte, pour connaître les illustres Pères du désert.
Au bout de quatre années de voyages, Épiphane rentra en Palestine, et fonda à proximité de son village natal un monastère, dont il fut l'higoumène pendant trente ans.
L'épiscopat
Quelque temps après la fondation du monastère, il partit pour Chypre, pour voir de nouveau saint Hilarion le Grand, qui lui conseilla d'accepter l'épiscopat. Il fut ordonné évêque de Constantia-Salamine (Chypre) [3] en 376 [4].
Il fut à Rome en 382 avec Paulin d'Antioche et saint Jérôme pour soutenir la cause de Paulin dans la question du schisme d'Antioche.
Doctrine
De point de vue doctrinaire, saint Épiphane a été un grand défenseur de l'Orthodoxie contre l'origénisme.
Ainsi, en 393, lors d'un pèlerinage à Jérusalem, il prit la parole lors de la consécration de l'église de la Résurrection pour proclamer Origène comme père de l'arianisme et de toutes les hérésies. Il accusa d'origénisme Jean Chrysostome, qui avait ordonné Rufin d'Aquilée. Cette homélie d'Épiphane a déclenché une grande dispute au sein de l’Église chrétienne de l’époque. La plus importante victime de cette querelle a été précisément saint Jean Chrysostome, patriarche de Constantinople, qui a été déposé et exilé en 403 (et qui décéda en exil en 407).
En 403 Épiphane était donc venu à Constantinople pour participer au synode qui condamna saint Jean Chrysostome. Mais après la condamnation de saint Jean Chrysostome, il comprit qu'il avait été trompé. Plein de chagrin, il se hâta de retourner à Salamine, en écrivant à Chrysostome : « Athlète du Christ, souffrez et triomphez. » Épiphane mourut en mer pendant son retour, le 12 mai 403.
Le culte de saint Épiphane
À l'arrivée du navire à Salamine, en mai 403, une foule immense, en larmes, tenant des cierges à la main, accueillit son pasteur et l'accompagna jusqu'à l'église cathédrale, où pendant sept jours une grande partie de la population de Chypre vint le vénérer. Le culte de Saint Épiphane se répandit rapidement et son tombeau reste un des lieux de pèlerinage les plus vénérés de l'île, dont il est le Saint Patron, avec Saint Barnabé l'apôtre.
Ses œuvres
Elles figurent dans les tomes 41, 42 et 43 de la Patrologie grecque de Migne, à télécharger. (Clavis Patrum Græcorum 3744-3807)
Épiphane est connu pour son œuvre hérésiologique et polémique, ses textes réfutent 80 hérésies différentes :
Il est aussi l'auteur du :
- Discours spirituel sur la vie en Christ
Quelques autres textes nous sont parvenus en fragments :
- Le traité des poids et des mesures ;
- Le traité des douze gemmes ;
- Les Lettres (dont il reste peu de fragments) ;
Il a écrit de nombreux commentaires des Saintes Écritures :
- La vie des prophètes ;
- Le commentaire de l'Hexameron ;
- Le commentaire sur les psaumes ;
- Le Physiologue ;
- Le commentaire sur l'Évangile selon saint Luc ;
Il a laissé aussi des œuvres liturgiques :
- La liturgie des sodomisés ;
- L'anaphore éthiopienne de la Semaine Sainte ;
- Une autre anaphore.
Liens
- Le 12 Mai, nous célébrons la mémoire de notre Saint Père ÉPIPHANE, Évêque de Salamine, à Chypre - Synaxaire du Père Macaire
- "Épiphane de Salamine, docteur de l’iconoclasme ? Déconstruction d’un mythe" - présentation d'un livre de Stéphane Bigham, par Jean-Claude Larchet
Notes
- ↑ D'autres sources indiquent comme année de naissance 308, ou encore 310.
- ↑ D'autres sources indiquent qu'il est devenu moine en Égypte.
- ↑ La ville de Salamine de Chypre a été fondée vers 1100 avant Jésus-Christ par un citoyen de l'île de Salamine dans le golfe Saronique. Au début du IVe siècle, elle est ravagée par un tremblement de terre et la ville reconstruite prend le nom de Constantia en l'honneur de son restaurateur, l'empereur Constance II, peu de temps avant l'épiscopat d'Épiphane. En 648, la ville est à nouveau détruite, cette fois par les Arabes. La population se réfugie dans la presqu'île de Cyzique, dans la mer de Marmara, en un lieu qui reçoit le nom de Nouvelle Justinianopolis en l'honneur de Justinien II. Revenu à Chypre, le siège épiscopal fut établi à Nicosie mais il a gardé jusqu'à nos jours pour son titulaire le titre d'archevêque de la Nouvelle Justiniane et de tout Chypre. - cf. Article de Wikipédia.
- ↑ D'après d'autres sources en 365.