Marc le Moine

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St. Marc le Moine

Marc le Moine, ou Marc l'Ermite, ou encore Marc l'Ascète, est un des grands spirituels orthodoxes du Ve ou VIe siècle. L'Église orthodoxe fête sa mémoire le 5 mars.

Biographie

La biographie de saint Marc reste largement inconnue, et elle a fait l’objet de nombreuses hypothèses. Les synaxaires le confondent généralement avec Marc du désert des Cellules, qui connaissait l’Écriture sainte par cœur et auquel un ange venait donner la sainte Communion, lequel est mentionné par Pallade dans "Histoire Lausiaque" (18, 25). D’autres l’assimilent à Marc de Penthucla en Palestine, évoqué par Jean Moschos dans son livre "Le Pré Spirituel" (ch. 13), ou encore à Marc d’Aréthuse (29 mars) ou Marc l’Athénien (5 mars). D’autres auteurs récents l’identifient avec un supérieur d’un monastère d’Asie Mineure (peut-être proche de Tarse) au Ve siècle [1].

On ne connaît pas beaucoup des choses sur la vie de ce Père de l'Église. Le bienheureux Père Marc aurait vécu vers l’an 430. Il avait été, semble-t-il, disciple de saint Jean Chrysostome [2] et avait acquis à son école une connaissance parfaite de l’Ancien Testament et du Nouveau Testament. Il devint ensuite moine près d’Ancyre, en Asie Mineure, et exerça la charge d’higoumène jusqu’au temps où, désirant mener des combats plus ardus, il se retira en solitaire dans le désert [3], où il demeura jusqu’à son repos, vers l’âge de cent ans.

Postérité

Nous savons que les milieux monastiques byzantins du Xe au XIVe siècle nous ont laissé en héritage une exhortation, un dicton qui dit : « Vendez tout et achetez Marc ». Il ne s'agit pas du tout de l'Évangéliste Marc dans cette exhortation, mais bel et bien de saint Marc le Moine !

Écrits

Marc le Moine a écrit un nombre d’œuvres dont quatre ont été reprises dans la Philocalie de saint Nicodème l'Agiorite :

  • La loi spirituelle
  • De ceux qui pensent être justifiés par leurs œuvres
  • Du baptême
  • Lettre à Nicolas.

Les œuvres de Marc le Moine on connu en français plusieurs éditions  :

  • dans la Philocalie
  • dans le n° 41 de la collection « Spiritualité orientale » de l’Abbaye de Bellefontaine
  • dans le n° 445 et 455 de la collection « Sources chrétiennes ».

Enseignement théologique et spirituel

Le baptême - fondement de la vie spirituelle

Pour saint Marc le Moine le fondement de la vie nouvelle, de la vie spirituelle, c’est le baptême, dans un sens très concret. Le baptême opère quelque chose de très réel en nous : par le baptême le Christ lui-même s’installe dans le plus profond de notre cœur [4], comme Roi, et jette en dehors « tout esprit mauvais et impur qui s’y cache » [5], pour que l’homme « ne soit plus en enfant de la chair, mais en héritier du Royaume », d’après les expressions qu’on utilise jusqu’à aujourd’hui dans le rituel du baptême.

Marc le Moine use de l’image du Temple de Jérusalem pour parler de l’homme. Il dit :

Le Temple est l’enceinte sacrée, créée par Dieu, du corps et de l’âme ; l’autel qui est dans le Temple, c’est le siège de l’espérance, sur lequel la pensée première-née de tout événement, offerte par l’intellect comme un animal premier-né, est immolée en sacrifice propitiatoire pour celui qui l’offre, si toutefois il la présente sans tache.
Ce Temple possède aussi une partie plus intérieure, derrière le voile, où le Christ, le premier, est entré pour nous, et où il demeure en nous, selon ce que dit l’apôtre : « Ne savez-vous pas que le Christ habite en vous, si toutefois vous n’êtes pas réprouvés ? » (II Cor. 13, 5). Cette partie est précisément l’espace le plus intérieur, caché et pur du cœur, et s’il ne s’ouvre pas sous l’action de Dieu et de l’espérance universelle de l’âme et de l’esprit, il est impossible de connaître avec certitude celui qui y habite, ni de savoir si nos sacrifices spirituels sont agréés ou non. [...] (Marc le Moine, Le baptême, 996 B-C, p. 99)

Il n’est pas nécessaire de retenir tous les détails de cette image de l’homme comme Temple, mais surtout l’essentiel, à savoir que par le baptême le Christ s’est réellement installé dans le plus profond de notre cœur. Là, Il frappe à la porte du cœur par la grâce et attend qu’on Lui ouvre, d’après l’image de l’Apocalypse :

3:20 Voici, je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi.
3:21 Celui qui vaincra, je le ferai asseoir avec moi sur mon trône, comme moi j'ai vaincu et me suis assis avec mon Père sur son trône.
3:22 Que celui qui a des oreilles entende ce que l'Esprit dit aux Églises!

La loi spirituelle, les commandements, la vertu

Si on commence à œuvrer avec cette grâce du baptême par la pratique des commandements, alors on entre dans la logique de la loi spirituelle, qui n’est pas la logique charnelle, ni celle de ce monde, mais qui peut même s’opposer des fois aux lois extérieures. En fait, on accomplit la loi spirituelle non pas parce qu’elle est logique – l’amour n’est pas logique –, mais tout d’abord parce que la foi, ce quelque chose d'intérieur et de mystérieux, nous pousse à le faire. Puis, une fois qu’on a appliqué le commandement, on continue à le faire parce qu’on a goûté la paix qui en suit :

Le Seigneur se tient caché dans ses propres commandements et on Le trouve dans la mesure où on Le cherche.
Ne dis pas : « J’ai pratiqué les commandements et je n’ai pas trouvé le Seigneur ! » Tu as souvent trouvé la connaissance avec la justice et ceux qui Le cherchent avec droiture trouveront la paix.
La paix, c’est la délivrance des passions. On ne la trouve pas en dehors de l’action du Saint-Esprit, selon ce que dit le saint Apôtre. (La loi spirituelle, 191-193, p. 26.)

Puis il avertit :

La pratique des commandements n’est pas la vertu, même si elles tirent l’une de l’autre l’origine de leurs bienfaits.
La pratique des commandements consiste à faire ce qui est prescrit, la vertu, dans la conformité de l’acte avec la vérité. (La loi spirituelle, 194-195.)

Et encore :

Il est des commandements qui s’adressent à certains et d’autres qui s’adressent à tous. Il est prescrit à certains de partager avec celui qui n’a pas, à d’autres il est prescrit de renoncer à tous leurs biens.
Il est une opération de la grâce que méconnaissent les débutants, et une autre de la malice qu’ils confondent avec la vérité. Il est bon de ne pas trop scruter de telles choses à cause de l’erreur possible qu’elles contiennent, ni, cependant, de les condamner, à cause de la vérité ; mais il faut s’en remettre en tout à Dieu dans l’espérance. Lui sait en effet l’utilité des deux.
Celui qui veut traverser la mer spirituelle doit avoir de la patience, de l’humilité, la pratique de la veille et la tempérance. S’il s’acharne à vouloir passer sans ces quatre vertus, il troublera son cœur sans réussir à traverser.

Méthode de lutte contre les trois géants : oubli, ignorance, négligence

Dans la lettre à Nicolas, Marc le Moine attire l’attention sur une triade de géants du Mauvais :

[...] l’ignorance, la mère de tous les maux, l’oubli, sa sœur, son associée et son auxiliaire, la négligence, qui tisse dans l’âme un vêtement et un voile ténébreux de nuages noirs ; elle affermit et fortifie les deux autres, leur fournit leur consistance en introduisant le mal à l’état endémique et en l'enracinant dans l’âme particulièrement insouciante. Le reste des passions croît et se fortifie grâce à la négligence, l’oubli et l’ignorance. Elles s’appuient mutuellement et ne peuvent tenir les unes sans les autres. La puissance des forces ennemies se manifeste par elles, ainsi que la vigueur des princes du Mauvais [...] (Lettre à Nicolas, 1049 A, p. 147)

Alors, Marc se propose à Nicolas de lui montrer « une méthode merveilleuse et une pensée spirituelle qui ne requiert ni fatigue corporelle ni combat, mais se sert de la peine que se donne l’âme, d’un intellect et d’une disposition d’esprit attentive à elle-même pour produire la crainte et l’amour de Dieu » pour « aisément mettre en fuite la phalange des ennemis » (Lettre à Nicolas, 1048 D, p. 147).

Et cette méthode consiste à poursuivre la trace des trois géants mentionnés, dès qu'ils s'insinuent dans l'âme, et de les frapper par les armes de justice correspondantes :

  • "le souvenir bon et excellent selon Dieu, supputant tout ce qu’il y a de vrai, de noble, de juste, de pur, d’aimable, d’honorable, tout ce qu’il peut avoir de bon dans la vertu et la louange humaine"
  • "la science illuminée qui tient l’âme éveillée et lui fait chasser d’elle-même la ténèbre de l’ignorance"
  • "un désir plein de vertu et de beauté, qui chasse la négligence impie qui enracine le mal dans l’âme"

« Tu acquerras ces vertus, non par l’effort de la simple et seule volonté, mais grâce à la puissance de Dieu et à la synergie de l’Esprit-Saint, jointes à une attention sans défaillance et à la prière. » (Lettre à Nicolas, p. 148).

Sources

  • Marc le Moine, Traités, vol. 1, Sources chrétiennes, n° 445, Paris 1999
  • Macaire, moine du Monastère de Simonos Petra, Le Synaxaire. Vies des Saints de l'Église Orthodoxe

Notes

  1. Voir la dernière mise au point de la question dans l’introduction de G. M. Durand à : Marc le Moine, Traités, vol. 1, SC 445, Paris 1999, p. 13-35.
  2. D’après : Georges le moine, Chronique, éd. De Boor Wirth, Teubner 1978, t. 2, p. 599.
  3. Selon certains en Palestine, selon d’autres en Égypte. Il semble plus probable qu’il soit resté en Galatie.
  4. Diadoque de Photicée aussi développe cette idée : Cent chapitres, 77.
  5. Rituel du baptême. Aussi Diadoque : Cent chapitres, 76.

Liens externes