Logismoi

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Logismoi est un terme d'origine grecque (en grec λογίσμοι, en russe помыслы) désignant les pensées tentatrices.

Les Logismoi dans les Ecrits des Pères

Les pensées sont un obstacle à la prière. Quiconque entreprend de prier est d'abord confronté au flux incessant des pensées l'amenant à être distrait de la prière et de la présence de Dieu. Il existe deux méthodes principales pour se détourner des pensées : 1) les contredire, les affronter, mais cette méthode est difficile et peut rendre les pensées plus vigoureuses, 2) les ignorer, se détourner d'elles en nourrissant ses pensées de la méditation évangélique et en se concentrant sur la prière. L'activité même de penser ne peut pas cesser, affirment un grand nombre de Pères et d'ascètes comme St Jean Cassien dans les Conférences ou encore St Marc le Moine[1]. Mais la répétition continuelle d'une prière courte comme la Prière de Jésus permet de simplifier et d'unifier la pensée.

St Jean Climaque, dans l'Echelle Sainte, décrit cinq moments dans la tentation, dans l'assaut des pensées : "Les pères doués de discernement ont différencié les uns des autres l'attaque, la liaison, le consentement, la captivité, le combat et ce qu'on appelle passion de l'âme."

1) L'assaut ou la suggestion : c'est la simple présentation à l'esprit de la pensée. Il n'est pas dans le pouvoir de l'homme de n'avoir aucune pensée, mais il est libre de l'écouter, de dialoguer avec elle ou de s'en détourner. Il peut aussi, selon St Jean Cassien, élever sa pensée en lui donnant comme nourriture les Ecritures Saintes et la prière.

2) Le dialogue, l'interaction  : quand une personne ouvre le dialogue avec la pensée, il peut ne pas y avoir encore de péché ni de connivence avec la mauvaise pensée. Mais celle-ci s'installe davantage dans l'esprit.

3) Le consentement : quand la personne consent à faire ce que la pensée lui intime de faire.

4) La captivité ou l'obsession quand nous devenons prisonnier de cette pensée.

5) La passion est quand la pensée devient une disposition enracinée dans l'esprit, comme une "seconde nature".

Il n'y a pas de péché dans la présentation de la pensée, tant qu'on ne lui cède pas et qu'on ne leur fait pas confiance. Comme le dit un apophtegme :

"Un ancien racontait ceci : Un frère fut tenté par ses pensées pendant neuf ans, à tel point que dans son anxiété il désespéra de son salut et se condamnait lui-même : "J'ai perdu mon âme, et puisque je suis mort, je retourne dans le monde." Et comme il s'en allait, il entendit une voix sur le chemin : "Les tentations que tu as supportées pendant neuf ans étaient tes couronnes. Retourne donc où tu étais, et je te soulagerai de tes pensées." Le frère comprit alors que l'on ne doit pas désespérer pour les pensées qui surviennent : ces pensées nous procurent plutôt des couronnes, pourvu que nous les supportions bien."[2]

Cependant, s'il n'y a pas de péché dans la présentation des pensées, si l'on commence à dialoguer avec elles et se complaire en elles, il devient plus difficile à chaque étape de s'en détacher.

Références

  1. St Marc le Moine, "De la pénitence", XI, 30, in Traités spirituels et psychologiques, Abbaye de Bellefontaine, 1985, p.83
  2. Abba, dis-moi une parole, Paroles mémorables des pères du désert choisies et traduites par Lucien Regnault, ed. Solesmes, p.95.