Diacre
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Le diacre est le troisième des trois rangs du clergé des ordres majeurs de l’Église Orthodoxe, après l’évêque et le prêtre. Le terme diacre (en grec: διάκονος) signifie serviteur et, au début, il désignait des personnes dont la fonction était de servir aux tables, lors des repas communautaires de l’Église primitive.
Sommaire
Histoire : le diacre des premiers siècles
Au temps des Apôtres, sept premiers diacres furent choisis, comme on le voit dans les Actes des Apôtres : « Il n'est pas convenable que nous laissions la parole de Dieu pour servir aux tables. C'est pourquoi, frères, choisissez parmi vous sept hommes, de qui l'on rende un bon témoignage, qui soient pleins d'Esprit-saint et de sagesse, et que nous chargerons de cet emploi. Et nous, nous continuerons à nous appliquer à la prière et au ministère de la parole » (6, 2 à 4). Ces sept furent choisis après avoir été reconnus comme irréprochables, c'est-à-dire « de bonne réputation, remplis d'Esprit Saint et de sagesse » (en grec: ἄνδρας ἐξ ὑµῶν µαρτυρουµένους ἑπτὰ πλήρεις πνεύµατος καὶ σοφίας). A la dignité de leur vie, ces sept premiers diacres devaient joindre « une connaissance des mystères chrétiens dans une conscience pure[1]. » Il s'agissait du protomartyr saint Stéphanos, de Philippe, Prochore, Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas. L’Église de Jérusalem exerçait alors une diaconie quotidienne, en grec: διακονία καθημερινή / diakonia kathêmérinê, c'est-à-dire une assistance aux pauvres, aux malades, aux prisonniers, à ceux qui avaient faim ou étaient nus ; le service des tables accompli par ces sept premiers diacres était intimement lié à la fraction du Pain et à la bénédiction du Vin ; leur rôle était donc vécu dans un contexte à la fois cultuel et eucharistique. Comme cette diaconie quotidienne ne pouvait s'exercer qu'après l'imposition des mains, « rite consécratoire symbolisant la transmission d'une fonction religieuse[2] », elle a donc été dès l'origine synonyme de ministère, sans être encore l'équivalent proprement dit de ce que sera la fonction du diacre par la suite.
L'existence du diacre, au sens technique du terme, est attestée pour la première fois dans l’Épître aux Philippiens (I, 1) : « Paul et Timothée, serviteurs de Jésus-Christ, à tous les saints en Jésus-Christ qui sont à Philippes, ainsi qu'aux évêques et aux diacres. » Le diacre est également mentionné dans la première Épître à Timothée, probablement composée vers 64-65, lorsque l'organisation des communautés chrétiennes exigeait des fonctions mieux définies[3]. Dans sa Première Épître aux Corinthiens (42, 1-5) saint Clément, évêque de Rome vers 88, témoigne d'une hiérarchie à trois degrés dans l’Église, citant le Prophète Isaïe (60, 17) : « Depuis de longs siècles déjà l’Écriture parlait des évêques et des diacres ; elle dit en effet : “ J'établirai leurs évêques dans la justice, et les diacres dans la foi ”[4]. »
Lors de son ordination, seul l'évêque impose les mains au diacre, et celui-ci ne peut rien faire à l'insu de l'évêque ou sans son consentement. Dans l’Église primitive, les diacres aidaient les évêques dans la réalisation de leurs œuvres de charité. Peu de temps après, durant les premiers siècles de l’Église, le diaconat se transforme dans un office presque exclusivement liturgique, les diacres ne faisant qu’assister les évêques et les prêtres dans la célébration des saints offices. Dans les Constitutions Apostoliques (XLIV, 41), le diacre est exclusivement le serviteur de l'évêque (et non du prêtre), dont il est « l'oreille et la bouche, le cœur et l'âme, pour que l'évêque, délivré du souci de nombreuses affaires, puisse se consacrer à celles qui concernent plus directement le Seigneur. » Aux livres II et VIII, ces mêmes Constitutions Apostoliques montrent le diacre, aux côtés de l'évêque durant la célébration, attentif à veiller au bon déroulement du service eucharistique et dirigeant la prière commune des fidèles. Saint Ignace dans sa lettre aux Tralliens (II, 3) affirme que le diacre devra se distinguer par ses qualités morales et spirituelles : il visitera les malades, portera secours aux veuves, aux pauvres, aux orphelins, dans un esprit de miséricorde et de charité. Enfin, le diacre pouvait prêcher, comme le fit saint Athanase le Grand[5]. Le titre d'archidiacre, en tant que collaborateur attitré et personnel de l'évêque, fait son apparition au IVe siècle à Constantinople. Il avait la préséance sur tous les autres diacres. Au VIe siècle, à Constantinople, Justinien fixe le nombre de diacres à 100, et le Nomocanon le fixe à 150. Cependant le diaconat entra peu à peu en déclin, et disparut en Occident sous Benoît II vers 684. Un diaconat spécifique a subsisté en Orient.
Le ministère du diacre de nos jours
Dans l’Église orthodoxe, le ministère diaconal a été conservé en conformité avec les indications de la théologie du Nouveau Testament : en effet, son statut consiste conjointement en charges sociales et en tâches liturgiques (catéchèse, cure d'âme, place dans la célébration eucharistique), mais cette fonction, tombée quelque peu en latence, mériterait d'être revalorisée[6]. Le diacre aide le prêtre et l’évêque durant les saints offices et les assiste dans la célébration des Saints Mystères de l’Église. Il ne peut pourtant pas célébrer les Saints Mystères à lui seul.
Ayant reçu la bénédiction du prêtre célébrant ou de l’évêque, le diacre dirige les prières en commun du peuple et lit les Saintes Écritures pendant le service divin. Il est également responsable de la préservation de l’ordre durant les prières communes et il attire l’attention du peuple aux moments indiqués. En plus, le diacre peut accomplir aussi, parfois, d’autres tâches liées à la vie de l’Église, avec la recommandation et suivant les directives de son prêtre ou de son évêque. Le diacre peut recevoir de son évêque et/ou du prêtre de sa paroisse la bénédiction qui l’autorise à distribuer aux fidèles l’Eucharistie, soit à partir d’un deuxième calice, durant les liturgies habituelles, soit dans le cadre du service des typika, célébré en l’absence de prêtre. Pourtant, le diacre ne peut jamais faire la consécration des Saints Dons, n’ayant ni la capacité, ni l’autorité de le faire à lui seul.
Fonction permanente
Alors que souvent on voit dans le diaconat une simple étape à franchir en vue de l’accès à la prêtrise, dans l’Église Orthodoxe la fonction du diacre n’est pas simplement cela. Beaucoup de diacres n’ont aucune intention de devenir prêtres et voient dans le diaconat un office permanent – leur vocation et leur voie au service de l’Église.
De nos jours, les diacres ont repris dans certains endroits leurs fonctions sociales d’origine : on les retrouve en charge de programmes éducatifs et sociaux en faveur des jeunes, ils visitent les malades, font un travail missionnaire et dirigent des projets d’aide sociale.
Les rangs des diacres
D’un point de vue sacramentel, tous les diacres sont égaux. L’ordre de préséance des diacres s’établit en fonction de leur date d'ordination.
Comme dans le cas des évêques et des prêtres, il existe également une hiérarchie administrative des diacres. Ainsi le premier diacre d’une église cathédrale ou principale peut recevoir le titre de protodiacre et a le droit de préséance parmi les diacres au cours des services. Le diacre principal attaché à un évêque s’appelle un archidiacre. Un diacre qui est également moine s’appelle un hiérodiacre.
Étiquette
À des occasions formelles (dans la formule introductive d’une lettre ou alors qu’il faut présenter formellement un diacre), il convient de désigner un diacre comme "le Révérend Diacre [Jean Dupont]." L’abbréviation commune du terme Diacre est Dc.
Dans des circonstances informelles – dans une conversation courante, on peut désigner un diacre comme "le Diacre ." Dans certaines traditions, il est de coutume d’appeler les diacres "Père" – par exemple, "le Père Diacre Jean" ou "Père [Jean]" tout court.
Les diacres ne peuvent pas bénir, donc il ne faut pas demander la bénédiction d’un diacre ; seuls les prêtres et les évêques peuvent donner la bénédiction. Dans certaines traditions, comme par exemple en Grèce, on baise parfois la main du diacre (comme on fait également pour la supérieure d’un monastère ou même pour des moines qui n’ont pas été ordonnés), en signe de respect pour le Saint Esprit qui œuvre à travers le ministère diaconal. Il n’est, à strictement parler, ni « correct », ni « incorrect » de (ne pas) baiser la main d’un diacre.
Les vêtements du diacre
Les vêtements du diacre sont le sticharion, l’orarion et les épimanikia.
Les membres des trois ordres majeurs du clergé portent le sticharion. Le sticharion est une longue tunique avec des manches longues qui rappelle à celui qui le porte que la grâce du Saint Esprit l’enveloppe comme d'un vêtement de salut et de joie. Le sticharion des diacres a des manches larges et il est fait de tissus plus lourds et souvent plus ornés que ceux des prêtres et des évêques, qui portent leur sticharia sous les autres vêtements.
Le diacre porte aussi l’orarion, une bande étroite de tissu, enroulée autour de son corps et drapée sur son épaule gauche. Il représente la grâce du Saint Esprit qui oint le diacre comme l’huile sainte par son ordination. L’orarion est le vêtement principal du diacre, sans lequel il ne peut pas officier. Lorsque le diacre amène le peuple à la prière ou l'invite à être attentif, il en tient l'une des extrémités dans sa main droite et la soulève. L'épitrachelion du prêtre et l'omophorion de l'évêque sont des formes spéciales de l'orarion.
Les épimanikia sont des manchettes attachées aux poignets, attachés par une longue cordelette. Le prêtre et l’évêque les portent aussi. Leur utilité immédiate est d’attacher les manches – longues et larges – du sticharion durant les offices, afin que celles-ci n’incommodent pas le diacre (ou le prêtre ou l’évêque) durant la célébration. D’autre part, elles rappellent aussi à celui qui les porte qu’il accomplit son ministère non pas de ses propres forces, mais grâce à l’aide de Dieu.
Avant d’endosser aucun de ces vêtements, le diacre doit recevoir la bénédiction de l’évêque ou du prêtre qu’il accompagne.
Références
- ↑ Dictionnaire de la Bible, Paris, 1926, tome II, 2e partie, col. 1402.
- ↑ Dictionnaire de Théologie catholique, Paris, 1924, tome IV, col. 708-710.
- ↑ Mgr Stéphanos, Ministères et charismes dans l’Église orthodoxe, Desclée de Brouwer, 1988, p. 55 à 57.
- ↑ Les Écrits des Pères apostoliques, éditions du Cerf, 1963.
- ↑ Mgr. Stéphanos, Ministères et Charismes dans l’Église orthodoxe, Desclée de Brouwer, 1988, p. 64 à 69.
- ↑ Mgr. Stéphanos, Ministères et charismes dans l’Église orthodoxe, Desclée de Brouwer, 1988, p. 80 à 82.
Voir aussi
Bibliographie
- S. Salaville et G. Nowack, « Le rôle du diacre dans la liturgie orientale », dans Archives de l'Orient chrétien, n°3, 1962, Paris.
- Jean Colson, La Fonction diaconale aux origines de l’Église, Desclée de Brouwer, 1960
- Claude Bridel, « Le Ministère diaconal dans l’Église d'aujourd'hui », dans Ministères et Laïcat, Les Presses de Taizé, 1964
- J. Lecuyer, « Les diacres dans le Nouveau Testament » et « Le Diacre dans l’Église » dans Unam Sanctam, n°59, Paris 1966, Éditions du Cerf.
Liens externes
- ru: Le ministère du diacre
- en: The Deacon (from the Bulgakov handbook)
- en: Clergy Etiquette