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L''''iconographie''' (du {{Lang-el|εικονογραφία}}) désigne l'art et l'usage [[liturgie|liturgique]] des '''icônes'''. D'origine grecque, le mot "icône" (du grec {{Lang-el|εικονα}}) signifie "image", "portrait", on utilise ce terme pour les représentations du [[Jésus-Christ|Christ]], de la Vierge, des [[Saint]]s ou d'un événement de l'Histoire sacrée. Des techniques différentes peuvent être utilisées pour réaliser une icône : peinture sur chevalet, fresque, mosaïque, broderie, etc. Au sens large, une icône est donc une image sacrée, et celui qui pratique cet art reçoit le nom d'[[iconographe]].
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L''''iconographie''' (du {{Lang-el|εἰκονογραφία}}) désigne l'art et l'usage [[liturgie|liturgique]] des '''icônes'''. D'origine grecque, le mot "icône" (du {{Lang-el|εἰκών}}) signifie "image", "portrait", on utilise ce terme pour les représentations du [[Jésus-Christ|Christ]], de la Vierge, des [[Saint]]s ou d'un événement de l'Histoire sacrée. Des techniques différentes peuvent être utilisées pour réaliser une icône : peinture sur chevalet, fresque, mosaïque, broderie, etc. Au sens large, une icône est donc une image sacrée, et celui qui pratique cet art reçoit le nom d'[[iconographe]].
  
Les images ont toujours eu une place importante au sein de l'[[Église orthodoxe]] ; leur statut a été, en Orient, l'objet de la [[Iconoclasme|querelle iconoclaste]] du VIIIe et du IXe siècles. Le [[Dimanche de l'Orthodoxie]], premier dimanche du [[Grand Carême]] commémore chaque année le rétablissement de la [[vénération]] des icônes. L’usage de l'iconographie dans le culte est considérée comme un des éléments distinctifs du [[rite byzantin]].
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Les images ont toujours eu une place importante au sein de l'[[Église orthodoxe]] ; leur statut a été, en Orient, l'objet de la [[Iconoclasme|querelle iconoclaste]] du VIII<sup>e</sup> et du IX<sup>e</sup> siècles. Le [[Dimanche de l'Orthodoxie]], premier dimanche du [[Grand Carême]], commémore chaque année le rétablissement de la [[vénération]] des icônes. L’usage de l'iconographie dans le culte est considéré comme un des éléments distinctifs du [[rite byzantin]].
  
 
== Les icônes dans la tradition orthodoxe ==
 
== Les icônes dans la tradition orthodoxe ==
  
La vénération des icônes est, dans l'Église orthodoxe, un aspect essentiel de l'expérience liturgique, c'est-à-dire de la contemplation du [[Royaume]]. La liturgie, en effet, en sanctifiant toutes les facultés de l'homme, amorce la transfiguration de ses sens, les rend capables d'entrevoir l'invisible à travers le visible, le Royaume à travers le [[Mystère]].  
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La vénération des icônes est, dans l'Église orthodoxe, un aspect essentiel de l'expérience liturgique, c'est-à-dire de la contemplation du [[Royaume]]. La [[liturgie]], en effet, en sanctifiant toutes les facultés de l'homme, amorce la transfiguration de ses sens, les rend capables d'entrevoir l'invisible à travers le visible, le Royaume à travers le [[Mystère]].  
  
 
L'icône, affirme [[Léonide Ouspensky]], sanctifie la vue et ainsi transforme la vue en vision : car Dieu ne S'est pas seulement fait entendre, Il s'est fait voir, la gloire de la [[Sainte Trinité|Trinité]] s'est révélée à travers la chair du Fils de l'Homme.  
 
L'icône, affirme [[Léonide Ouspensky]], sanctifie la vue et ainsi transforme la vue en vision : car Dieu ne S'est pas seulement fait entendre, Il s'est fait voir, la gloire de la [[Sainte Trinité|Trinité]] s'est révélée à travers la chair du Fils de l'Homme.  
  
L'Orthodoxie affirme le caractère [[Christologie|christologique]] de l'image. Elle montre d'abord que l'image par excellence est le Christ lui-même. La Parole irreprésentable de l'[[Ancien Testament]] s'est fait chair représentable : « lorsque l'Invisible », écrit saint [[Jean Damascène]], « s'étant revêtu de la chair, apparut visible. » Le Christ n'est pas seulement le Verbe de Dieu, mais Son image. L'Incarnation du Verbe est l’acte fondateur de l'icône et l'icône témoigne de l'incarnation.  
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L'Orthodoxie affirme le caractère [[Christologie|christologique]] de l'image. Elle montre d'abord que l'image par excellence est le Christ lui-même. La Parole irreprésentable de l'[[Ancien Testament]] s'est fait chair représentable, « lorsque l'Invisible », écrit saint [[Jean Damascène]], « s'étant revêtu de la chair, apparut visible. » Le Christ n'est pas seulement le Verbe de Dieu, mais Son image. L'Incarnation du Verbe est l’acte fondateur de l'icône et l'icône témoigne de l'incarnation.  
  
 
==Théologie==
 
==Théologie==
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L'icône est une théologie en images, c'est-à-dire une révélation du monde de la gloire de Dieu ; elle exprime dans la totalité de ses éléments, visages mais aussi architectures, paysages de rochers ou objets, les réalités mystérieuses de l'au-delà. C'est pourquoi elle utilise un langage spirituel différent de celui de notre monde, en faisant perdre par exemple au corps humain son aspect naturaliste, et en transfigurant le monde sensible.
  
 
==Histoire==
 
==Histoire==
[[Image:Icons restoration.jpg|right|frame|Rétablissement des icônes]]
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[[Image:Icons restoration.jpg|right|frame|Rétablissement des icônes.]]
Dès les premiers siècles de la chrétienté, des icônes ont été employées pour la prière. La tradition orthodoxe nous parle de l’existence d’une icône du Christ dès Son vivant, une image miraculeuse, non faite de la main de l’homme. De même, la Tradition nous parle des icônes de la [[Marie Mère de Dieu|Mère de Dieu]] réalisées par Saint [[Apôtre Luc|Luc]] l’Évangéliste.  
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Dès les premiers siècles de la chrétienté, des icônes ont été employées pour la [[prière]]. La tradition orthodoxe nous parle de l’existence d’une icône du Christ dès Son vivant, une image miraculeuse, non faite de la main de l’homme. De même, la Tradition nous parle des icônes de la [[Marie Mère de Dieu|Mère de Dieu]] réalisées par Saint [[Apôtre Luc|Luc]] l’Évangéliste.  
  
 
===Les masques mortuaires égyptiens===
 
===Les masques mortuaires égyptiens===
D’une perspective historique, on considère que la pratique de la peinture des icônes aurait pour source les masques mortuaires égyptiens peints sur des momies enveloppées en des bandes de linge imbibées de colle et recouverts de gypse. Cette pratique funéraire serait la précurseure de la technique traditionnelle de la peinture des icônes sur bois, où les planches en bois sont recouverts de linge imbibé de colle et par la suite de gypse, base sur laquelle on réalise la peinture proprement-dite. L’icône chrétienne a également hérité de la fonction du masque rituel, en la transfigurant, en montrant l’esprit sanctifié de la personne reposée pour l’éternité. L’essence spirituelle de l’ancien culte des morts a été transfigurée dans une nouvelle image culturelle, plus accomplie que l’ancienne.  
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Dans une perspective historique, on considère que la pratique de la peinture des icônes aurait pour source les masques mortuaires égyptiens peints sur des momies enveloppées dans des bandes de linge imbibées de colle et recouverts de gypse. Cette pratique funéraire serait à l'origine de la technique traditionnelle de la peinture des icônes sur bois, où les planches en bois sont recouvertes de linge imbibé de colle et par la suite de gypse, base sur laquelle on réalise la peinture proprement dite. L’icône chrétienne a également hérité de la fonction du masque rituel, en la transfigurant, en montrant l’esprit sanctifié de la personne entrée en repos pour l’éternité. L’essence spirituelle de l’ancien culte des morts a été transfigurée dans une nouvelle image culturelle, plus accomplie que l’ancienne.  
  
À la différence du masque, l’icône chrétienne ne fait pas partie de la momie ou du sarcophage elle n’a pas besoin de la connexion physique au corps du saint représenté. Peu importe où se trouvent sur terre les restes mortels du saint, peu importe leur état physique son corps ressuscité et sanctifié vit dans l’éternité, et l’icône qui le représente ne se contente pas de présenter le saint témoin du Christ elle est ce même témoin. Ce n’est pas l’icône en tant qu’œuvre d’art qui nous parle, mais le saint lui même que l’icône nous montre. L’icône est ainsi une fenêtre vers le saint qui a reçu la vie éternelle, elle nous ouvre la possibilité de la communication directe avec celui qui y est représenté. Cette chance de communication est annulée alors que celui qui regarde l’icône sépare la peinture de la personne du saint qui y est représenté. En ce moment-là, l’icône devient une chose comme les autres, un objet de ce monde. La connexion vitale entre le ciel et la terre se désintegre.       
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À la différence du masque, l’icône chrétienne ne fait pas partie de la momie ou du sarcophage elle n’a pas besoin de la connexion physique au corps du saint représenté. Peu importe où se trouvent sur terre les restes mortels du saint, peu importe leur état physique son corps ressuscité et sanctifié vit dans l’éternité, et l’icône qui le représente ne se contente pas de présenter le saint témoin du Christ elle est ce même témoin. Ce n’est pas l’icône en tant qu’œuvre d’art qui nous parle, mais le saint lui-même que l’icône nous montre. L’icône est ainsi une fenêtre vers le saint qui a reçu la vie éternelle, elle nous ouvre la possibilité de la communication directe avec celui qui y est représenté. Cette chance de communication est annulée alors que celui qui regarde l’icône sépare la peinture, de la personne du saint qui y est représenté. En ce moment-là, l’icône devient une chose comme les autres, un objet de ce monde. La connexion vitale entre le ciel et la terre se désintègre.       
  
 
=="Écrites" ou "peintes" ?==
 
=="Écrites" ou "peintes" ?==
La traduction la plus littérale du terme εικονογραφία (''eikonographia'') est "écriture d’images", ce qui a mené plusieurs chrétiens orthodoxes de langues autres que le grec à insister que les icônes ne sont pas « peintes », mais qu’elles sont « écrites ». Cette insistance à traduire le mot comme « écriture » en refusant le terme «peinture » pour les icônes pose un problème d’ordre linguistique. En grec, un portrait peint est également un 'γραφή' (''graphi'') et l’art-même de la peinture porte le nom de ζωγραφική (''zographiki'') et par conséquent tout dessin ou peinture peut être désigné comme ζωγραφιά} (''zographia''). Le grec ancien emploie la même racine linguistique pour désigner l’art du portrait et l’iconographie, mais distingue entre la «peinture inspirée de la vie », «peinture du vivant » -' ζωγραφιάet la "peinture des icônes" 'εικονογραφία', qui est une peinture typologique. Ainsi du point de vue linguistique peut-on affirmer que toute forme de représentation qu’il s’agisse des icônes ou des simples portraits est tant de la ''peinture'' que de l''écriture'', en fonction de la traduction préférée du mot 'γραφή' (''graphi''). Une opposition entre les deux termes n’est donc pas justifiable du point de vue linguistique. Il suffirait donc de faire la distinction entre le type de peinture approprié pour iconographie et pour la peinture artistique tout simplement.  
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La traduction la plus littérale du terme {{Lang-el|εἰκονογραφία}} (''eikonographia'') est "écriture d’images", ce qui a amené plusieurs chrétiens orthodoxes de langues autres que le grec à insister sur le fait que les icônes ne sont pas « peintes », mais qu’elles sont « écrites ». Cette insistance à traduire le mot comme « écriture » en refusant le terme « peinture » pour les icônes pose un problème d’ordre linguistique. En grec, un portrait peint est également une 'γραφή' (''graphi'') et l’art-même de la peinture porte le nom en {{Lang-el|ζωγραφική}} (''zographiki'') et par conséquent tout dessin ou peinture peut être désigné comme ζωγραφιά} (''zographia''). Le grec ancien emploie la même racine linguistique pour désigner l’art du portrait et l’iconographie, mais distingue entre la « peinture inspirée de la vie », « peinture du vivant » — en {{Lang-el|ζωγραφιά}} et la "peinture des icônes", en {{Lang-el|εἰκονογραφία}}, qui est une peinture typologique. Ainsi du point de vue linguistique peut-on affirmer que toute forme de représentation qu’il s’agisse des icônes ou des simples portraits est autant de la ''peinture'' que de l’''écriture'', en fonction de la traduction préférée du mot {{Lang-el|γραφή}} (''graphi''). Une opposition entre les deux termes n’est donc pas justifiable du point de vue linguistique. Il suffirait donc de faire la distinction entre le type de peinture approprié pour iconographie et pour la peinture artistique tout simplement.  
  
Il n’est pourtant pas incorrect de penser les icônes comme une forme d’écriture en images. Certains comparent le rôle des icônes avec celui du texte des [[Saintes Écritures]] par ce que les icônes ne sont pas de simples compositions artistiques, mais qu’elles témoignent de la vérité tout comme les Écritures. Loin d’être des créations provenues de l’imagination de l’iconographe, elles seraient plutôt comparables aux copies manuscrites de la Bible.  
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Il n’est pourtant pas incorrect de penser les icônes comme une forme d’écriture en images. Certains comparent le rôle des icônes avec celui du texte des [[Saintes Écritures]] parce que les icônes ne sont pas de simples compositions artistiques, mais qu’elles témoignent de la vérité tout comme les Écritures. Loin d’être des créations provenues de l’imagination de l’iconographe, elles seraient plutôt comparables aux copies manuscrites de la Bible.  
  
Et effectivement, pour des siècles tant dans l’Église primaire, au temps des [[Persécution des chrétiens|Persécutions]], ailleurs dans le monde où les orthodoxes ont été soumis à des authorités politiques non-orthodoxes , les icônes ont été «la Bible des illetrés » et ont joué un rôle essentiel dans la catéchèse : à travers des représentations souvent assez simples, les icônes transmettent et confirment le noyau de la foi de l’Église : l’Incarnation du Verbe, Dieu qui Se fait homme, Son œuvre de sanctification, de transfiguration de la nature humaine et de toute la Création. C’est d’ailleurs l’Incarnation qui autorise des représentations de Dieu à l’aide de matières périssables.
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Et effectivement, pendant des siècles tant dans l’Église primitive, au temps des [[Persécution des chrétiens|persécutions]], ailleurs dans le monde où les orthodoxes ont été soumis à des autorités politiques non-orthodoxes , les icônes ont été « la Bible des illettrés » et ont joué un rôle essentiel dans la catéchèse : à travers des représentations souvent assez simples, les icônes transmettent et confirment le noyau de la foi de l’Église : l’Incarnation du Verbe, Dieu qui Se fait homme, Son œuvre de sanctification, de [[transfiguration]] de la nature humaine et de toute la Création. C’est d’ailleurs l’Incarnation qui autorise des représentations de Dieu à l’aide de matières périssables.
  
 
==Voir aussi==
 
==Voir aussi==
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*[[List of modern iconographers]]
 
*[[List of modern iconographers]]
  
==Travaux publiés==
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==Bibliographie==
*en: Forest, Jim. ''Praying With Icons''. (ISBN 1570751129)
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*en: Forest, Jim, ''Praying With Icons'' (ISBN 1570751129)
*en: ''Iconostasis'',  ISBN 0881411175  By [[Pavel Florensky|Pavel Alexandrovich Florensky]] Published 2000, St Vladimir's Seminary Press
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*en: [[Pavel Florensky|Pavel Alexandrovich Florensky]], ''Iconostasis'', 2000, St Vladimir's Seminary Press (ISBN 0881411175)
 
 
 
== Liens externes ==
 
== Liens externes ==
[[Image:Icon studio.jpg|right|thumb|300px|Deux icônes, l’une terminée, l’autre en train d’être peinte]]
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=== Informations générales ===
 
=== Informations générales ===
*fr: [http://www.icones-grecques.com/textes/iconographie-orthodoxe/genese-icone-communion-apotres.htm Genèse d'une icône: la Communion des Apôtres] - un texte de technique iconographique (novembre 2008)
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*fr: [http://www.icones-grecques.com/textes/iconographie-orthodoxe/genese-icone-communion-apotres.htm Genèse d'une icône : la Communion des Apôtres] - un texte de technique iconographique (novembre 2008)
 
*en: [http://www.orthodoxinfo.com/general/icon_faq.aspx The Icon FAQ]
 
*en: [http://www.orthodoxinfo.com/general/icon_faq.aspx The Icon FAQ]
 
*en: [http://www.iconsexplained.com/ Icons Explained]
 
*en: [http://www.iconsexplained.com/ Icons Explained]
*en: [http://archangelsbooks.com/articles/iconography/DiscourseIcon.asp A Discourse in Iconography by St. John of Shanghai and San Francisco]
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*en: [http://archangelsbooks.com/articles/iconography/DiscourseIcon.asp A Discourse in Iconography by Saint John of Shanghai and San Francisco]
 
*en: [http://www.traditionaliconography.com/theology.asp The Icon: A Manifestation of Theology] - [http://www.traditionaliconography.com Traditional Byzantine Iconography website]  
 
*en: [http://www.traditionaliconography.com/theology.asp The Icon: A Manifestation of Theology] - [http://www.traditionaliconography.com Traditional Byzantine Iconography website]  
 
*en: [http://www.traditionaliconography.com/webgalleryart.html On the Differences of Western Religious Art and Orthodox Iconography] - Traditional Byzantine Iconography website
 
*en: [http://www.traditionaliconography.com/webgalleryart.html On the Differences of Western Religious Art and Orthodox Iconography] - Traditional Byzantine Iconography website
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**en: [http://www.ourlifeinchrist.com/audio/mp3/light2_103104.mp3 Icons and the Theology of Light, the Orthodox View of Salvation- Part 2]
 
**en: [http://www.ourlifeinchrist.com/audio/mp3/light2_103104.mp3 Icons and the Theology of Light, the Orthodox View of Salvation- Part 2]
 
**en: [http://www.ourlifeinchrist.com/audio/mp3/veneration_110704.mp3 Icons and Veneration]
 
**en: [http://www.ourlifeinchrist.com/audio/mp3/veneration_110704.mp3 Icons and Veneration]
 
 
 
 
{{ChristianismeOrthodoxe}}
 
{{ChristianismeOrthodoxe}}
  

Version du 19 décembre 2016 à 19:33

L'Apôtre Luc peint la première icône.

L'iconographie (du grec: εἰκονογραφία) désigne l'art et l'usage liturgique des icônes. D'origine grecque, le mot "icône" (du grec: εἰκών) signifie "image", "portrait", on utilise ce terme pour les représentations du Christ, de la Vierge, des Saints ou d'un événement de l'Histoire sacrée. Des techniques différentes peuvent être utilisées pour réaliser une icône : peinture sur chevalet, fresque, mosaïque, broderie, etc. Au sens large, une icône est donc une image sacrée, et celui qui pratique cet art reçoit le nom d'iconographe.

Les images ont toujours eu une place importante au sein de l'Église orthodoxe ; leur statut a été, en Orient, l'objet de la querelle iconoclaste du VIIIe et du IXe siècles. Le Dimanche de l'Orthodoxie, premier dimanche du Grand Carême, commémore chaque année le rétablissement de la vénération des icônes. L’usage de l'iconographie dans le culte est considéré comme un des éléments distinctifs du rite byzantin.

Les icônes dans la tradition orthodoxe

La vénération des icônes est, dans l'Église orthodoxe, un aspect essentiel de l'expérience liturgique, c'est-à-dire de la contemplation du Royaume. La liturgie, en effet, en sanctifiant toutes les facultés de l'homme, amorce la transfiguration de ses sens, les rend capables d'entrevoir l'invisible à travers le visible, le Royaume à travers le Mystère.

L'icône, affirme Léonide Ouspensky, sanctifie la vue et ainsi transforme la vue en vision : car Dieu ne S'est pas seulement fait entendre, Il s'est fait voir, la gloire de la Trinité s'est révélée à travers la chair du Fils de l'Homme.

L'Orthodoxie affirme le caractère christologique de l'image. Elle montre d'abord que l'image par excellence est le Christ lui-même. La Parole irreprésentable de l'Ancien Testament s'est fait chair représentable, « lorsque l'Invisible », écrit saint Jean Damascène, « s'étant revêtu de la chair, apparut visible. » Le Christ n'est pas seulement le Verbe de Dieu, mais Son image. L'Incarnation du Verbe est l’acte fondateur de l'icône et l'icône témoigne de l'incarnation.

Théologie

L'icône est une théologie en images, c'est-à-dire une révélation du monde de la gloire de Dieu ; elle exprime dans la totalité de ses éléments, visages mais aussi architectures, paysages de rochers ou objets, les réalités mystérieuses de l'au-delà. C'est pourquoi elle utilise un langage spirituel différent de celui de notre monde, en faisant perdre par exemple au corps humain son aspect naturaliste, et en transfigurant le monde sensible.

Histoire

Rétablissement des icônes.

Dès les premiers siècles de la chrétienté, des icônes ont été employées pour la prière. La tradition orthodoxe nous parle de l’existence d’une icône du Christ dès Son vivant, une image miraculeuse, non faite de la main de l’homme. De même, la Tradition nous parle des icônes de la Mère de Dieu réalisées par Saint Luc l’Évangéliste.

Les masques mortuaires égyptiens

Dans une perspective historique, on considère que la pratique de la peinture des icônes aurait pour source les masques mortuaires égyptiens peints sur des momies enveloppées dans des bandes de linge imbibées de colle et recouverts de gypse. Cette pratique funéraire serait à l'origine de la technique traditionnelle de la peinture des icônes sur bois, où les planches en bois sont recouvertes de linge imbibé de colle et par la suite de gypse, base sur laquelle on réalise la peinture proprement dite. L’icône chrétienne a également hérité de la fonction du masque rituel, en la transfigurant, en montrant l’esprit sanctifié de la personne entrée en repos pour l’éternité. L’essence spirituelle de l’ancien culte des morts a été transfigurée dans une nouvelle image culturelle, plus accomplie que l’ancienne.

À la différence du masque, l’icône chrétienne ne fait pas partie de la momie ou du sarcophage — elle n’a pas besoin de la connexion physique au corps du saint représenté. Peu importe où se trouvent sur terre les restes mortels du saint, peu importe leur état physique — son corps ressuscité et sanctifié vit dans l’éternité, et l’icône qui le représente ne se contente pas de présenter le saint témoin du Christ — elle est ce même témoin. Ce n’est pas l’icône en tant qu’œuvre d’art qui nous parle, mais le saint lui-même que l’icône nous montre. L’icône est ainsi une fenêtre vers le saint qui a reçu la vie éternelle, elle nous ouvre la possibilité de la communication directe avec celui qui y est représenté. Cette chance de communication est annulée alors que celui qui regarde l’icône sépare la peinture, de la personne du saint qui y est représenté. En ce moment-là, l’icône devient une chose comme les autres, un objet de ce monde. La connexion vitale entre le ciel et la terre se désintègre.

"Écrites" ou "peintes" ?

La traduction la plus littérale du terme grec: εἰκονογραφία (eikonographia) est "écriture d’images", ce qui a amené plusieurs chrétiens orthodoxes de langues autres que le grec à insister sur le fait que les icônes ne sont pas « peintes », mais qu’elles sont « écrites ». Cette insistance à traduire le mot comme « écriture » en refusant le terme « peinture » pour les icônes pose un problème d’ordre linguistique. En grec, un portrait peint est également une 'γραφή' (graphi) et l’art-même de la peinture porte le nom en grec: ζωγραφική (zographiki) et par conséquent tout dessin ou peinture peut être désigné comme ζωγραφιά} (zographia). Le grec ancien emploie la même racine linguistique pour désigner l’art du portrait et l’iconographie, mais distingue entre la « peinture inspirée de la vie », « peinture du vivant » — en grec: ζωγραφιά et la "peinture des icônes", en grec: εἰκονογραφία, qui est une peinture typologique. Ainsi du point de vue linguistique peut-on affirmer que toute forme de représentation — qu’il s’agisse des icônes ou des simples portraits — est autant de la peinture que de l’écriture, en fonction de la traduction préférée du mot grec: γραφή (graphi). Une opposition entre les deux termes n’est donc pas justifiable du point de vue linguistique. Il suffirait donc de faire la distinction entre le type de peinture approprié pour iconographie et pour la peinture artistique tout simplement.

Il n’est pourtant pas incorrect de penser les icônes comme une forme d’écriture en images. Certains comparent le rôle des icônes avec celui du texte des Saintes Écritures parce que les icônes ne sont pas de simples compositions artistiques, mais qu’elles témoignent de la vérité tout comme les Écritures. Loin d’être des créations provenues de l’imagination de l’iconographe, elles seraient plutôt comparables aux copies manuscrites de la Bible.

Et effectivement, pendant des siècles — tant dans l’Église primitive, au temps des persécutions, ailleurs dans le monde où les orthodoxes ont été soumis à des autorités politiques non-orthodoxes —, les icônes ont été « la Bible des illettrés » et ont joué un rôle essentiel dans la catéchèse : à travers des représentations souvent assez simples, les icônes transmettent et confirment le noyau de la foi de l’Église : l’Incarnation du Verbe, Dieu qui Se fait homme, Son œuvre de sanctification, de transfiguration de la nature humaine et de toute la Création. C’est d’ailleurs l’Incarnation qui autorise des représentations de Dieu à l’aide de matières périssables.

Voir aussi

Bibliographie

  • en: Forest, Jim, Praying With Icons (ISBN 1570751129)
  • en: Pavel Alexandrovich Florensky, Iconostasis, 2000, St Vladimir's Seminary Press (ISBN 0881411175)

Liens externes

Deux icônes, l’une terminée, l’autre en train d’être peinte.

Informations générales

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